"On écrit beaucoup sur Cluny: chaque année, ou presque, parait quelque nouvel ouvrage; et il reste toujours à dire." - Jean Leclercq "On écrit beaucoup sur Cluny: chaque année, ou presque, parait quelque nouvel ouvrage; et il reste toujours à dire." - Jean Leclercq

Bibliotheca Cluniacensis novissima®



Kayoko Matsuo, Legitimate Violence in the Idea of Odo of Cluny, in: The Studies in Western History (Seiyo Shigaku) (Academic Journal) 204, 2001, S. 20-38



Résumé:

La théorie de la guerre juste au Moyen Age, définie avant la fin du XIIIe siècle, n'a pas proposé la restriction mais la justification de la violence pour rationaliser les réalités. En élaborant l'idéologie de la chevalerie, l'Eglise a, dans la même vue, reconnu la mission des guerriers comme violence légitime: la défense de la société et la protection des églises et des faibles. Selon Georges Duby, cette légitimation daterait de la "Vie de saint Géraud d'Aurillac" d'Odon, deuxième abbé de Cluny. La présente étude s'attache, à travers l'analyse idéologique des Œuvres d'Odon, à réexaminer l'argument de Duby et à connaître l'évolution de l'idée de la violence légitime dans l'idéologie de l'Eglise.

L'idée de la violence légitime a connu un grand changement à l'époque post-carolingienne. Jusque-là, la sainteté des rois justifiait le recours à la force armée tant qu'il était commandé par lui. Mais, l'affaiblissement du pouvoir royal à la période post-carolingienne a rendu difficile cette légitimation. Dans telle société, les seigneurs arrangeaient les conflits par l'exercice de la force armée, en plus, dans le contexte des réseaux sociaux et politiques comme dans la région mâconnaise.

La "Vie de saint Géraud d'Aurillac", et les "Collationes", deux ouvrages d'Odon, ont apporté une nouvelle cause pour la violence légitime. Dans les "Collationes", Odon a conçu une hiérarchie spirituelle dans laquelle se trouvait la catégorie de 'bons laïcs'. Cette idée originale a valorisé comme étant indispensable au maintien de l'ordre social la fonction des seigneurs laïques au Xe siècle qui avaient pris le pouvoir du ban. Ainsi, l'idée d'Odon marque un aboutissement dans l'évolution de l'idée de la violence légitime: la persistance du pacifisme en obéissant passivement aux demandes concrètes, et le maintien de la règle de l'autorité publique en remplaçant le roi par les seigneurs laïques donnés un élément spirituel.