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Meinungen und Urteile über Traité du style

Opinions et jugements sur Traité du style






Marc Bernard (1928)
[...] Aragon, et c'est ce qui donne à son attitude un intérêt général, n'est pas un cas isolé; des milliers de jeunes gens qui n'écrivent pas ont les mêmes préoccupations; s'ils ne les répandent pas à des milliers d'exemplaires, elles n'en existent pas moins. Car nous voici arrivés à cette période tragique du nihilisme que Nietzsche avait prévue d'une façon prophétique (1o les faibles s'y brisent; 2o les forts détruisent ce qui ne se brise pas; 3o les plus forts surmontent les valeurs qui jugent). Aragon paraît appartenir à la première catégorie. Son instinct étant trop faible pour le jeter vers un but qui lui paraisse valoir la peine d'agir, il se contente de tourner sans arrêt autour des mêmes questions, irrésolubles actuellement; lorsqu'il agit c'est d'une façon purement négative - à la manière nihiliste - il détruit sans avoir la force et le courage de reconstruire. Il voit bien ce qui le meurtrit, mais il est incapable de se soustraire à cette souffrance en s'assignant une tâche qui l'oblige à la surmonter, à se vaincre lui-même. Aveuglé par la lumière trop vive qu'il s'obstine à fixer, ses yeux éblouis ne découvrent rien, lorsqu'ils se posent sur la cité, qui vaille un effort continu.
Ce pessimisme est vieux comme le monde. [...]
[...]
L'écriture ne sert à Aragon qu'à livrer libre cours à ce désespoir enragé, particulièrement dans son dernier livre le Traité du style. Il ne perd pas son temps à noter des histoires, il établit un palmarès et il voue au mépris universel "les petits crabes" selon son expression qui s'attardent à le faire. La bourriche contient une quarantaine de noms. Tous ceux qui ne se plantent pas comme lui devant l'obstacle infranchissable, tous ceux qui s'efforcent de le contourner ou feignent de ne pas le voir l'exaspèrent. Il est évident que le verbiage devient fort à la mode, que de nombreux écrivains s'enlisent dans le marais littéraire. Aragon, dissimulé dans les joncs, sa grosse caisse à portée de la main, les surveille nuit et jour pour les signaler à la vindicte publique. Le Traité du style rappelle souvent la manière de Léon Bloy, mais alors que la foi catholique conférait aux écrits du pamphlétaire mystique une certaine unité, Aragon, lui, mêle trop de dilettantisme à ses tendances révolutionnaires pour cogner avec méthode. On a l'impression qu'il frappe un peu au hasard, selon son humeur de l'heure. S'il n'apporte pas grand'chose quant au fond, Aragon bouleverse avec volupté certaines règles de bienséance du jeu littéraire. En général, il s'embarrasse fort peu d'argumentation, l'injure à ses yeux la remplace avantageusement. Il s'efforce moins de convaincre que de ridiculiser. Visiblement, il prend un plaisir sans borne à frapper dans le tas. Bien des passages de son livre sont d'ailleurs assez "valise vide" (1). Cela sonne parfois terriblement le creux, mais pour ceux qui aiment le genre pamphlétaire et le gueulement des baraques de lutteurs, le Traité du style ne manque pas d'intérêt.
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(1) "Un tel est drôle, celui-ci n'est pas drôle... celui-là voudrait être drôle", etc.



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