D’un point de vue politique, social et économique, la grande Révolution de 1789 est considérée comme l’un des événements les plus marquants de l’histoire récente. Elle marque, aujourd’hui encore, la société française – et européenne. Sa pertinence dans l’horizon mémoriel de l’homme moderne ressort notamment du fait que la Révolution française est utilisée comme figure de pensée et point de référence comparatif, en particulier en temps de guerre et de crise. Avec les deux guerres mondiales (1914-1918, 1939-1945) et l’entre-deux-guerres, la guerre d’Algérie (1954-1962) et la pandémie actuelle du COVID-19 (depuis 2020), les XXe et XXIe siècles ne sont pas particulièrement pauvres en périodes de crise. La littérature et les médias audiovisuels recourent de manière idéologiquement variée aux actualisations mémorielles des événements révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle, qui seront analysées dans le séminaire dans une perspective diachronique à l’aide de trois öuvres exemplaires.

Après une introduction théorique à la recherche sur la mémoire en sciences culturelles, au cours de laquelle les concepts centraux de la mémoire collective et des cultures de la mémoire seront développés, le drame Robespierre (1938) de Romain Rolland, le spectacle Le bourgeois sans-culotte (1988) de Kateb Yacine et la série Netflix La Révolution (2020) d’Aurélien Molas seront au centre de notre attention. Toutes les öuvres seront analysées selon quatre aspects : (1) leur contexte historique de création et leur référence à la crise, (2) leur concept de mémoire, (3) leur protagoniste emblématique et (4) leurs particularités génériques « révolutionnaires ». Avec le Robespierre de Rolland, c’est la controverse mémorielle de l’appropriation de la Révolution par la gauche à la veille de la Seconde Guerre mondiale qui est mise en perspective. La pièce de Yacine intègre rétrospectivement une perspective (post-)coloniale – algérienne et haïtienne – dans le débat sur la mémoire du Bicentenaire de la Révolution. La mini-série de Molas, qui se concentre sur le récit sériel de l’histoire alternative autour d’une épidémie virale, constitue un pendant audiovisuel plus fantastique aux deux exemples dramatiques.

A la fin du cours, les étudiants doivent être en mesure d’identifier de manière autonome les interprétations artistiques des événements révolutionnaires, toujours marquées par le contexte historique et idéologique, de décrire leurs modes d’action et de transférer leurs connaissances à d’autres actualisations de la mémoire des événements historiques. Les étudiants apportent la preuve de leur apprentissage sous la forme d’un mémoire scientifique (Hausarbeit). Le travail sur la littérature et les médias est exercé pendant le cours dans le cadre de brefs devoirs hebdomadaires adaptés au corpus d’öuvres (p.ex. : recherche, citation, bibliographie, etc.).

Kurs im HIS-LSF

Semester: SoSe 2023