Maladie et littérature sont depuis toujours étroitement liées. C’est dès l’Antiquité que les premières représentations littéraires de certaines pathologies font leur apparition et commencent à marquer durablement la littérature. Ainsi la maladie constitue-t-elle encore aujourd’hui un thème littéraire majeur, qui a constamment su se réinventer au cours des siècles. Si la peste, la cécité et la folie occupent traditionnellement une place centrale dans la littérature, comme en témoignent par exemple les évocations de la peste dans la Bible et dans l’Illiade d’Homère, le canon des « maladies littéraires » n’a cessé de s’élargir au fil du temps, à tel point que figurent aujourd’hui parmi celles-ci aussi la dépression, le cancer, l’anorexie et d’autres. La propagation du sida à partir des années 1980 a, elle aussi, beaucoup influencé la production littéraire en donnant naissance au courant de la littérature du sida, dont l’un des représentants les plus importants est Hervé Guibert.

Les nombreux liens entre littérature et pathologie ouvrent donc un vaste champ de recherche, que ce séminaire se propose d’explorer. L’objectif du cours consistera à analyser la valeur littéraire de la maladie et à retracer l’évolution historique de ses représentations fictives. Dans un premier temps, nous nous pencherons, au moyen d’extraits, sur quelques öuvres choisies de différents siècles, afin d’en extraire les grandes lignes d’une histoire littéraire de la maladie. L’accent de nos réflexions sera pourtant, dans un second temps, mis sur une interrogation de la représentation narrative de la maladie au XXe siècle. Notre travail sera ainsi axé sur une analyse approfondie des deux romans La peste d’Albert Camus (1947) et À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990) d’Hervé Guibert, qui nous permettra de comparer les mises en récit d’une maladie ancienne (la peste) et d’une maladie plutôt récente (le sida). Grâce à l’étude de ces deux romans et de leurs traitements très divergents du sujet, ce séminaire vise à faire comprendre aux étudiants la grande complexité du thème de la maladie, qui renvoie souvent à des discours philosophiques et socio-politiques sous-jacents. Nous porterons notre attention notamment sur la manière dont le corps souffrant de l’individu est rattaché, en tant qu’écran de projection, à un questionnement existentiel plus large, reliant les notions de souffrance individuelle et souffrance collective.

Kurs im HIS-LSF

Semester: SoSe 2021