L’œuvre littéraire de l’écrivaine franco-canadienne Marie-Célie Agnant est marquée par des protagonistes majoritairement féminines et d’origine haïtienne. Elles traversent des espaces « postcoloniaux », c’est-à-dire des espaces témoignant de la condition transitoire et diasporique du sujet migrant. Telles espaces sont, par exemple : les métropoles Montréal et Québec avec leurs grands fleuves, la Rivière des Outaouais et le Saint-Laurent ; l’Haïti avec ses eaux douces et maritimes, ses endroits secrets et ses scènes de crimes politiques ; la Provence, région rurale au Sud de la France où se rencontrent par hasard les bourreaux et les victimes du régime dictatorial haïtien. Tous ces espaces s’avèrent soit des « non-lieux » (Augé, 1992), soit des « espaces autres » (Foucault, 1984), soit des endroits « hantés » (Mbembe, 2000) par les mémoires traumatiques d’un passé troublé. Par conséquent, les protagonistes d’Agnant sont constamment confrontés aux lieux déconcertants et insondables, où le sujet migrant est écartelé entre le mouvement de la fuite et le désir d’appartenance. En même temps, ce sont surtout les espaces urbains qu’Agnant nous peint comme des endroits capables d’être transformés par une diaspora haïtienne proactive, et où « l’espace autre » se mue en un espace communautaire. En partant d’une lecture des textes théoriques sur la « postcolonialité » et sur les conceptions de l’espace (Augé ; Foucault ; Mbembe), nous allons nous mettre à l’exploration des espaces postcoloniaux tels qu’ils se présentent dans l’œuvre narrative de Marie Célie-Agnant.
N.B.: inscription par
courriel à beatrice.schuchardt@uni-muenster.de
- Lehrende/r: Beatrice Schuchardt