LOUIS ARAGON ONLINE

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Fragen und Antworten
Questions et réponses


Auf dieser Seite veröffentliche ich eine Auswahl von an mich gestellten Fragen zu Texten Aragons, sofern sie von allgemeinerem Interesse sind, und füge das Wesentliche der Antworten hinzu, die ich meinen Korrespondenten gegeben habe. Forscher und Leser können zu den Fragen und meinen Antworten in freier Diskussion Stellung nehmen.
Sur cette page, je publie, dans la mesure où elles présentent un intérêt plus général, un choix des questions que des cybernautes m'ont posées à propos de textes d'Aragon, ainsi que l'essentiel des réponses que je leur ai données. Les chercheurs et les lecteurs ont la possibilité de discuter librement les questions soulevées et mes réponses données.

  1. Question de V.J.:

  2. Actuellement en 2e année de deug de lettres je suis en grande peine devant un texte de Louis Aragon tiré de Henri Matisse, roman je dois en faire un commentaire oral et je ne sais pas du tout par ou prendre ce texte!

    Ayant trouvé votre site pas hasard je vous demande de l'aide, biensur je vous enverrai la correction.

    Nous sommes lundi 24 novembre je passe à l'oral lundi 1er décembre, de plus je travaille en parralléle de mes études, je suis assistant d'éducation et vraiment je vous serai trés reconnaissant de m'aider un peu. Merci d'avance...

    Je vous envoie le passage :

    "Il est assuré que si jamais il n'y a eu de Laure, jamais l'humanité n'a produit d'être plus fourbe, plus vicieux que Pétrarque: et rien ne nous permet d'imaginer cet abîme que creuse l'absence, pis que l'absence, l'inexistence de la bien-aimée. Les historiens sérieux repoussent cette hypothèse de la perversité et il faut y voir une calomnie de la nature humaine, la fantaisie de déséquilibrés toujours prêts à prêter au génie les marais de leur impuissance. Que seraient, je vous le demande, les plus beaux vers de Pétrarque, si Laure n'existait pas, si Laure n'en était pas la circonstance? De la poésie pure, comme on dit aujourd'hui, pour excuser le mensonge: non, de révoltantes simagrées! Je vais plus loin : ils ne seraient plus beaux. Ils seraient impurs. Et peut-être que si nous avions la photographie de Laure de Noves, trouverions-nous que l'image pétrarquienne de cette dame n'est point ressemblante, qu'à partir de ce modèle l'oiseau chanteur a pris un vol bien délibéré, et qu'au sens où l'on entend habituellement le réalisme il n'a guère eu le vertige... mais toujours est-il qu'il chante d'un amour véritable, d'une Laure réelle où est la valeur de son chant. De cette image qu'il en donne, et que vous pouvez critiquer, il s'est expliqué une fois pour toutes (1) :

    Ivi è'l mio cor, et quella chè'l m'invola:
    Qui veder puoi l'imagine mia sola.

    (Là-bas est mon coeur, et celle qui me l'a volé : - Ici, je n'en puis voir que mon image à moi...)

    C'est Matisse qui parle, bien entendu : et c'est un fauteuil vénitien, ou un brin de lierre avec ses racines, un petit pot d'étain, une étoffe à ramages qui a volé son coeur.

    (1) Canzone 17

    25.11.2003

    Réponse de Wolfgang Babilas

    en règle générale, je ne fais pas d’interprétations pour mes correspondants. Mais dans votre cas je comprends que vous avez des difficultés à comprendre le texte.

    Celui-ci est extrait du chapitre « La Grande Songerie », écrit 1945-1946. Si vous utilisez l'édition Quarto (Gallimard) de « Henri Matisse, roman », vous trouverez votre passage à la page 296. Lisez le contexte à partir de la page 294. Il s'agit de la question de savoir si Laure, la femme aimée et chantée par Pétrarque, a réellement existé ou si elle a été inventée par Pétrarque dans le but de pouvoir la chanter. Aragon est évidemment d'avis que Laure a existé dans la réalité. Se référant à Matisse, il constate que pour celui-ci, « Il y a toujours une Laure. Il y a toujours une réalité dans son coeur. » C'est donc le thème du réalisme dans l'art qui constitue l'arrière-plan de ces pages. Il y a toujours une Laure, c'est-à-dire un modèle pour l'artiste. Aragon discute le problème: « Et si pourtant Laure n'avait jamais existé? Si elle n'était que le fruit d'une imagination, qui se passe du soutien du modèle, si elle était une création pure de Pétrarque [...] ? » (p. 296) Mais Aragon rejette cette possibilité : Pétrarque n'est pas « l'acteur d'une mystification de toute sa vie ». Aragon renvoie à une lettre de Pétrarque adressée à Jacques Colonna d'où il déduit que Pétrarque doit avoir un modèle réel. Or, ici suit votre texte à commenter qui s'insère dans la problématique du réalisme dans l'art, ici la poésie, la littérature.

    Si Laure n'a pas existé, Pétrarque, qui fait comme si elle existait, serait un menteur, le « plus fourbe » de l'humanité. Il serait « un vicieux », un pervers. On ne peut s'imaginer l'abîme qui existerait entre le poète qui chante une femme prétendument réelle, et « l'inexistence de la bien-aimée ». Aragon exclut donc qu'un poète « normal » chante une femme qui n'existe pas. De plus les historiens sont convaincus que Laure a existé, qu'il n'y a donc pas de « perversité » du côté de Pétrarque. Si la thèse de la non-existence de Laure a été soutenue, cela a été fait par des gens qui aiment calomnier la nature humaine (et qui sont par là eux-mêmes des « pervers »), par des gens qui sont des « déséquilibrés ». Ces gens-là transposent leur propre « impuissance » sur le génie (mais, soit dit en passant, on peut s'étonner que l'invention d'un personnage par l'artiste soit jugée d'une manière si négative).

    Aragon fait donc dépendre la beauté des vers de Pétrarque de l'existence réelle de Laure. Pour lui, Laure est la « circonstance » de la poésie. Or, dans ces années-là, Aragon soutient la thèse que toute (vraie) poésie est de circonstance(s). Il développe cette idée surtout dans son livre « Chroniques du bel canto » (1947). Le contraire est la poésie dite « pure »; une poésie qui se retire de la réalité et dont le protagoniste, dans ces années-là, est, à ses yeux, Paul Valéry (voir, entre autres, le poème « Contre la poésie pure », extrait de « Les Yeux d'Elsa » et mon commentaire dans mon livre « Études sur Louis Aragon », Münster, Éditions Nodus, 2002, p. 535-554). Il y a eu un long débat sur la notion de « poésie pure », terme inventé dans les années vingt, par l'abbé Bremond et repris par Valéry. En défendant la réalité de la femme Laure, Aragon défend donc l'idée d'une poésie de circonstances. La discussion sur la réalité de Laure a pour but la défense du réalisme dans la poésie. Pour Aragon est « impur » ce que certains poètes considèrent comme pur, il change les valeurs.

    Mais attention! Prendre pour modèle une femme réelle ne signifie pas que l'artiste la rend telle quelle. Il n'est pas dit qu'on la reconnaîtrait si l'on voyait une photographie de cette femme. Réalisme n'est donc pas naturalisme. Le modèle ne constitue que le point de départ de l'artiste ( = « l'oiseau chanteur a pris un vol bien délibéré »). Ce qui compte, ce n'est pas la ressemblance, mais le point de départ, qui doit être réel. Alors toutes les transformations sont permises. La réalité du modèle constitue la valeur du chant du poète, - une opinion certainement très extrême, parce qu'ici Aragon dérive la valeur d'une œuvre d'art non de l'œuvre d'art elle-même, mais de données extérieures. Mais encore une fois: l'image que le poète donne de sa bien-aimée peut être très différente du modèle. La citation confirme la distance qui peut régner entre les deux termes: d'un côté la femme réelle, la femme aimée, de l'autre ce que le poète en a fait: « mon image à moi », le poème.

    On peut transférer la problématique au couple Aragon – Elsa. On peut en conclure qu'Elsa a été le modèle réel d'Aragon, mais qu'il a transformé ce modèle. On ne peut pas déduire l'Elsa réelle des poèmes d'Aragon consacrés à « Elsa ».

    À la fin du passage, Aragon revient à Matisse et explique que le modèle n'est pas nécessairement une femme, un être humain, cela peut être aussi un objet comme un fauteuil, « un brin de lierre », etc. Ce qui compte est la réalité du modèle; libre à l'artiste d'en faire ce qui lui plaît.

    Voilà les idées qui me viennent à la lecture du passage, et que je vous communique en toute hâte, car je suis très occupé. Bonne chance . Et dites-moi quelle a été la réaction de votre professeur.

  3. Question de A.G.:

  4. "J'ai découvert Aragon depuis peu et déjà je me pose de nombreuses questions. Je suis donc ravie que vous partagiez votre passion avec les internautes.
    Ma question concerne Les Voyageurs de l'Impériale et principalement "l'autre côté des choses". J'essaye de voir en quoi cette image renvoie à la définition de la politique donnée dans "La Fin du Monde réel" mais aussi à la philosophie marxiste et au communisme. Par ailleurs, il me semble reconnaître de nombreuses résonances avec Le Contrat social de Rousseau. Je ne sais s'il s'agit davantage d'une référence aux textes de Marx et de Engels ou si la référence peut être plus immédiate, c'est-à-dire si Aragon a lu Rousseau. Je n'ai pas encore trouvé de trace de cette lecture chez Aragon. Peut-être connaissez-vous un texte d'Aragon y faisant allusion.
    Je vous remercie de votre attention et aussi de la richesse de votre travail."

    24.03.2004

    Réponse de Wolfgang Babilas

    Merci de l'intérêt que vous portez à Aragon et à mon site. Vous soulevez des questions difficiles et graves auxquelles je ne saurais répondre sans faire des recherches ultérieures. Il est vrai que le nom de Rousseau n'apparaît que rarement (?) dans l'oeuvre d'Aragon, bien qu'il semble (je l'ai lu quelque part) que, comme une des épreuves écrites du baccalauréat, Aragon ait rédigé un essai sur le philosophe et que Daniel Mornet ait été son professeur. Je mets votre lettre dans la rubrique "Questions", espérant qu'il y aura des internautes aragoniens capables de vous répondre.

    25.03.2004

  5. Question de E. L. B.

  6. "Depuis plus de deux ans, je cherche en vain dans quel ouvrage Paul Éluard a écrit cette phrase, qui lui est attribuée, et que j'ai retrouvée sur plusieurs sites Web :

    "Si l'écho de leur(s) voix faiblit, nous périrons"

    On trouve cette citation, entre autres, sur de nombreux sites de l'Internet, sous l'une et l'autre de ces deux orthographes, mais sans jamais que soit donnée son origine exacte. Par ailleurs, elle est reprise constamment dans un livre ou un article de journal, elle est utilisée lors de discours d'inaugurations, etc. toujours sans aucune source précise.

    J'ai tout d'abord vérifié, en vain, dans les dictionnaires de citations et dans les oeuvres complètes d'Éluard publiées dans la collection "La Pléiade" ; j'ai navigué sur Internet partout où c'était possible ; j'ai écrit près de deux cents (200) lettres ou méls, dans toutes les directions : écrivains, éditeurs, professeurs de lettres, spécialistes d'Éluard, journaux, associations de déportés, tous les musées de la Résistance et de la Déportation de France ; j'ai utilisé toutes les "pistes" qui m'ont été suggérées, ce qui m'a apporté de nouvelles adresses dans de nouveaux horizons. On m'a notamment dit que cette phrase figurait sur un mur du Mémorial de l'Ile de la Cité, à Paris : l'un de mes enfants est allé vérifier, mais l'information était inexacte. J'ai aussi appris qu'une stèle commémorative avait été inaugurée à St-Dié-des-Vosges, portant cette inscription ; mon mari est allé la photographier : la phrase a été gravée, attribuée à Paul Éluard, mais sans source exacte. J'ai eu le responsable de la stèle au téléphone, qui a eu cette réponse merveilleuse : "C'est sûrement de Paul Éluard, puisque tout le monde le dit !".....

    Je ne suis pas historienne, mais j'aime la rigueur et il me semble pour le moins... discutable de lire cette phrase reprise ici et là, par exemple - pour ne citer que deux exemples, parmi tant d'autres - dans un discours du président du CRIF de Marseille, le 23 janvier 2000, cité sur le Web, ou prise comme titre de deux ouvrages, attribuée à Paul Éluard sans que les auteurs aient jamais pris la peine de vérifier leurs sources.

    Aujourd'hui, une amie très littéraire m'écrit ceci :

    "la facture de cet alexandrin me paraît parfaitement classique (schéma 3+3+2/4) et n'évoque pas particulièrement le style d'Eluard. Ce pourrait aussi bien être d'un illustre inconnu, comme vous le suggérez, ou de Victor Hugo, ou de Louis Aragon qui, dans sa période résistane, a écrit beaucoup dans ce genre classique ; s'agirait-il d'une confusion plus ou moins volontaire au départ, l'auteur de "Liberté" étant devenu de nos jours beaucoup plus "présentable" que le stalinien et débauché Aragon vieilli ? On a tendance à oublier ainsi qu'il a été, dans sa jeunesse, un poète surréaliste remarquable, puis dans sa maturité un poète populaire de la Résistance."

    Toute information me permettant de retrouver l'origine exacte, précise et vérifiable de cette citation serait la bienvenue.

    Au cours de mes recherches, ayant trouvé votre site Web sur Aragon, je me permets de vous poser ma question.

    16.04.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    Merci de votre courrier électronique. Je ne peux pas répondre à votre question centrale, mais je voudrais faire les remarques suivantes :

    1. Je ne crois pas que ce vers soit de Paul Éluard. D'un côté, vous avez consulté l'édition de la Pléiade, en tout cas, je suppose, les recueils nés pendant et après la guerre, et vous n'avez rien trouvé. Où voulez-vous qu'on puisse trouver un tel vers sinon dans les OEuvres complètes de la Pléiade? Et s'il n'y est pas, cela veut dire qu'il n'est probablement pas d'Éluard. De l'autre côté, le contenu de ce vers ne me rappelle pas l'Éluard que je le connais. Il me semble improbable qu'il puisse envisager un avenir où les voix des "martyrs" de la Résistance ne sont plus entendues, et qu'il oppose à ce danger virtuel la menace de la mort collective de la France.

    2. Par ailleurs, est-ce vraiment un vers? Certes, il présente les douze syllabes de l'alexandrin, mais cela ne prouve pas qu'il soit extrait d'un poème: on peut écrire aussi une phrase de prose qui comprend douze syllabes. La césure après la huitième syllabe détruit, à mon avis, l'impression qu'on peut avoir qu'il s'agit d'un vrai alexandrin. Mais je peux me tromper.

    3. Je connais assez bien la poésie de la Résistance (ayant écrit une sorte de livre sur ce sujet), mais je ne me souviens pas d'avoir jamais lu ce "vers" dans les textes de poètes français. Il pourrait, évidemment, s'agir d'un vers écrit après la Libération (et ici, je n'ai pas les connaissances nécessaires à un jugement définitif).

    4. Il y a une chose dont je suis sûr: ce "vers" n'est pas d'Aragon. D'une part, je connais ses poèmes, et d'autre part, le défaitisme virtuel ("nous périrons") est étranger à l'Aragon des années noires et des années après-Libération. Je ne crois pas non plus qu'il aurait construit un lien entre le souvenir qu'ont les Français des résistants morts, et l'avenir de la France (mais c'est évidemment une spéculation).

    5. La théorie de substitution (Éluard pour Aragon) exposée par votre amie me semble une construction assez aberrante. Certes, Aragon continue même aujourd'hui à avoir des ennemis, mais de là à lui prendre un vers pour l'attribuer à un autre (moins haï), il y aurait un trop grand saut à faire. Ceci dit, on constate toujours avec étonnement qu'on a presque complètement oublié le stalinien Éluard, - pensez au poème "Joseph Staline", commentaire pour le film "L'homme que nous aimons le plus" (1949; Pléiade, t. 2, p. 351-352). Il n'y a, par contre, aucun poème d'Aragon à la gloire de Staline, n'en déplaise à ceux qui bavardent d'une "Ode à Staline" (inexistante)! Le surréaliste Aragon n'est d'ailleurs pas tellement oublié comme semble le penser votre correspondante; au plus tard depuis la publication de "La Défense de l'infini" (1986), la critique s'est souvenu du grand prosaïste surréaliste qu'il a été. "Débauché", adjectif qualificatif appliqué à Aragon vieilli, fait partie du vocabulaire dépréciatif que certaines gens aiment lui accrocher, mais qui est faux.

    6. Je voudrais ajouter que le terme d'"écho" se trouve quand même chez Éluard (voir le poème "Crier", Pléiade, t. 1, p. 1018) et que ces vers sont commentés par Aragon (voir Pierre Seghers, "La Résistance et ses poètes", Seghers, 1974, p. 78-80), mais il faut souligner que le sens des textes d'Éluard et d'Aragon n'a rien à voir avec celui de votre "vers". À propos des textes que je viens de citer vous pouvez lire, si vous voulez, ce que j'ai écrit dans mon article "Sur un poème poétologique d'Aragon: 'Richard Coeur-de-Lion", Revue des Sciences humaines, tome LXXV, n° 204, octobre-décembre 1986, p. 144; l'article sera repris dans mes "Études sur Louis Aragon", Münster, Nodus Publikationen, 2002.

    En somme, je ne peux pas vous aider au sens strict du terme, c'est-à-dire je ne peux pas vous indiquer l'auteur de la phrase en question, mais je peux exclure Aragon (avec un très haut degré de certitude) et également Éluard, si je me réfère au résultat de vos lectures d'Éluard et de mes propres souvenirs de lecture. L'énigme de l'origine de "votre" texte reste donc entière.

    18.04.2002

  7. Question de E. J.

  8. "I am writing a book about the German writers exiled in France and America in the 1930s and 1940s, in particular the circle of writers and militants around Heinrich Mann. I have come across the name Nadine Aragon in Mann's correspondence (California). Could you tell me if she was related to Louis Aragon."

    13.02.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    There is no relationship between Nadine Aragon and the writer Louis Aragon. Remember also that "Aragon" is not the name of his parents, but a name given to the new born child by his father Louis Andrieux in order to hide his birth out of marriage. "Aragon" is an artificial name; if other people bear this name, this does not hint at family relations.

    13.02.2002

  9. Question de E. J.

  10. "Many thanks for your quick response re Nadine Aragon. Heinrich Mann and his wife Nelly Kroeger/Mann were closely associated with French intellectuals. Do you know if there are any/many references to either of them in Aragon's personal writings/papers? And did Aragon attend and write about the 1935 international writers' congress in Paris?

    Congratulations on a fascinating set of web pages."

    14.02.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    Aragon was one of the organizers of the 1935 International Writers' Congress in Paris. On June 25, he pronounced there his important speech "Le retour à la réalité". The monthly "Commune", co-directed by Aragon as "secrétaire de rédaction", related from its number 20 on about the preparations and the course of the Congress. "Commune" 22 is published on June 15, 1935, ten days before the beginning of the Congress. The speeches are published in the issues 23 and 24, July and August 1935. You can find Aragon's description of all that, and his speech, in his "OEuvre poétique", second edition, 1989, tome 2, p. 1113-1170 : "Préludes au Congrès de Paris", "Projet de plan de travail", "Réveillon tragique" (about a play by Jacques Prévert), "Paris se repeuple" (about the death of René Crevel), "Le Congrès de juin", "Le retour à la réalité", "Les lendemains du Congrès".

    You will find the name of Heinrich Mann also in texts published by Aragon after the Congress. Aragon published the novel "Henri Quatre" in his journal "Ce soir" in French traduction.

    I would like to signal you two new articles by Gilbert Badia concerning the German emigrants in France: "Heurs et malheurs des émigrés allemands en France de 1933 à 1939", in : "Les Annales de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet", no. 3, 2001, p. 202-216, and "Aragon, l'Allemagne et les émigrés allemands", in : "Faites entrer l'infini", no. 32 (décembre 2001), p. 12-18. The two are published by the "Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet", 42, rue du Stade, F-78120 Rambouillet, France. The Société is not yeet connected to the Internet.

    14.02.2002

  11. Question de J. H.

  12. " Dans votre site, sur la page de La Diane française ( http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/werk/mittel/df_f.htm )

    Vous énumérez la liste des poèmes contenu das cette oeuvre. J'aimerais savoir si les poèmes sont dans le même ordre que dans le recueil.

    Je dois connaître le titre du poème qui suis "Il n'y a pas d'amour heureux" pour un concours scolaire."

    13.02.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    À la page de mon site que vous citez j'ai énuméré les poèmes de "La Diane française" dans l'ordre donné dans le recueil d'Aragon. Le poème "Il n'y a pas d'amour heureux" est donc suivi du poème "Elsa au miroir".

    C'est donc cela que vous vouliez savoir?

    Voilà!

    14.02.2002

  13. Question de B.P.

  14. "Sur le site : http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/biog/biog17.htm Vous dites :
    Anfang Herbst 1917 - Début automne 1917
    Aragon begegnet dort einem Mitstudenten, dem er bereits vorher kurz vorgestellt worden war: André Breton. Sie entdecken ihre gemeinsamen literarischen Interessen. Aragon macht Breton mit Les Chants de Maldoror des Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse) bekannt. Beginn einer engen, bis 1932 währenden Freundschaft.

    Aragon y rencontre un camarade auquel il avait déjà été brièvement présenté; c'est André Breton. Ils se découvrent des intérêts littéraires communs. Aragon lui fait faire la connaissance des Chants de Maldoror d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. Commence une amitié qui durera jusqu'en 1932.
    Soupault affirme que c'est lui qui a découvert les Chants de Maldoror le 28 juin 1918 pour ensuite le faire découvrir à Breton....
    Pourriez vous avoir la gentillesse de m'indiquer où avez vous trouvé cette information.

    12.02.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    En écrivant "Aragon lui fait faire la connaissance des Chants de Maldoror d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont", je me suis référé à ce qu'Aragon écrit dans son essai "Lautréamont et nous", paru dans Les Lettres françaises du 1er et 8 juin 1967, repris dans L'OEuvre poétique, 2e édition, t. 7, 1990, p. 79-137 et republié, sous forme de livre, aux Éditions Sables, 1992.

    Relisant, après avoir reçu votre e-mail, les lignes respectives d'Aragon, je me rends compte qu'on ne peut peut-être pas déduire des mots d'Aragon le sens que je leur avais prêté.

    Aragon y écrit (on est à l'automne de 1917, et lui et Breton se promènent boulevard Raspail en discutant et en parlant de leurs aventures spirituelles ):

    "Mais, ce soir-là, les noms pleuvaient. J'avais un peu honte, moi, de ne pas avoir lu Francis Poictevin, de connaître guère, de J.-K. Huysmans, que À rebours et La Bièvre et Saint-Séverin, d'ignorer En rade ou Là-bas, par exemple. Cependant, peut-être délicatesse, mon nouvel ami ne cessait de s'étonner devant l'étendue de mes lectures. À un moment [...] je ne pus me retenir de demander à Breton comment il se faiasait qu'il ne prononçât pas le nom que j'attendais à côté de Rimbaud, et c'est lui qui s'étonna quand je dis : Lautréamont..." (L'OP 7, p. 82; Édition Sables, p. 13).

    Or, il me semble maintenant que la réaction de Breton ne signifie pas qu'il ne connaissait pas déjà Lautréamont, mais qu'il s'étonnait de l'importance qu'Aragon attribuait à Ducasse.

    Aragon raconte que lui-même avait fait la connaissance de Lautréamont grâce à la revue Vers et Prose qui, avant la guerre, avait publié le Premier chant de Maldoror, et qu'il avait lu l'oeuvre entière, mais très vite, dans l'édition de Genonceaux qu'il avait empruntée à la librairie de prêt d'Adrienne Monnier. Il continue :

    "Quelques jours après notre rencontre, il se trouva qu'un stock de Vers et Prose fut mis en solde à la bibliothèque de la rue de l'Odéon [...] et nous achetâmes en nous cotisant tous les exemplaires disponibles comprenant le Premier chant, pour en donner à des amis, particulièrement, Breton, à un certain Jacques Vaché dont il me parla pour la première fois à cette occasion, lequel était alors à Nantes. Isidore Ducasse venait de faire irruption dans notre vie. Je crois qu'André, en ces jours-là, me prit en considération,, pour beaucoup, en raison de cette chose folle que je disais, et qui était que je plaçais Lautréamont plus haut que Rimbaud même, en quoi il voyait chez moi la preuve d'une tentante témérité. Sans partager ma démence." (L'OP, 7, p. 83; Sables, p. 14)

    Or, quelques pages plus loin, Aragon remarque:

    "Philippe Soupault fut le premier d'entre nous à posséder un exemplaire des Chants. Il nous le prêta et c'est dans un décor invraisemblablement maldorien que nous le lisions, Breton et moi, l'un à l'autre, à tour de rôle, à haute voix." (L'OP, 7, p. 89; Sables, p. 23)

    Voilà les souvenirs d'Aragon. À vous et à votre épouse d'en tirer des conclusions. J'ajoute seulement qu'Aragon situe tout cela loin avant le 28 juin 1918, date indiquée par Soupault (comme vous dites). Il est en tout cas plutôt troublant de comparer le récit d'Aragon avec celui que Soupault donne d'à peut près les mêmes événements dans Mémoires de l'Oubli, 1914-1923, p. 51-54. Où est la vérité historique? Connaissaze-vous le roman Le grand jamais d'Elsa Triolet? Un roman sur l'impossibilité d'écrire l'histoire.

    13.02.2002

  15. Question de B.P.

  16. Je solliciterais volontiers encore de l’aide, mais comprendrais bien si vous ne pouviez me consacrer davantage de temps. Néanmoins j’ose vous poser quelques questions, et espère que je ne vous dérangerai pas trop…

    Je termine ma thèse sur Philippe Soupault, et je travaille en ce moment sur quelques pages concernant ses relations avec Aragon. Malheureusement je me heurte à quelques difficultés, et la datation de la découverte de Lautréamont en est une. Soupault en effet parle tantôt de 1917, tantôt de 1918, et la date du 28 juin semble impossible pour les deux années. En 1917, Soupault ne connaissait pas encore Aragon, or il l’évoque dans son récit et je pense qu’il l’aurait volontiers oublié s’il l’avait pu. Quant à la date du 28 juin 18, elle est mise en question par la lettre de Breton à Aragon (9 juin 18) que vous rappelez. J’aurais donc besoin de votre aide, souhaitant savoir si vous connaissez cette fameuse lettre, si elle n’est que citée par Aragon ou si elle fut publiée dans un ouvrage où je pourrais la retrouver. J’ai l’air de mettre en doute l’honnêteté d’Aragon, mais j’avoue que Soupault m’a habituée à vérifier certains détails… Sauriez-vous également si la date de rencontre Breton-Aragon (septembre 17, je crois) est confirmée par quelqu’un d’autre qu’Aragon, et si Aragon donne quelque part la date de sa rencontre avec Soupault ? Cela me permettrait d’y voir un peu plus clair dans cette histoire.

    J’aurais également besoin de vérifier deux dates. La première concerne la révélation de sa filiation. Est-ce bien en juin 18 – avant d’être envoyé au front - qu’Aragon apprend qui est son père, ou bien en juin 17, avant d’être appelé (j’ai trouvé les deux dates) ? La seconde est justement celle de sa mobilisation de juin 18. J’ai noté qu’elle avait eu lieu fin juin. Auriez-vous par hasard la date exacte ?

    Je me permets en dernier lieu de vous parler de cet ouvrage inédit de Soupault sur Aragon (Aragon par lui-même), annoté par Aragon. Le manuscrit se trouve dans le " fonds Aragon ", auquel je n’ai pas accès. Auriez-vous eu la chance de le consulter ?

    14.02.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    Dans "Lautréamont et nous" (éd. Sables, p. 39-40), Aragon cite une carte datée du 9 juin 1918, qu'il avait reçue de Breton et où celui-ci lui demande d'aller voir Soupault hospitalisé à l'hôpital auxiliaire 47. Cette citation est certainement authentique. Je ne connais que cet extrait publié par Aragon. La carte en question doit se trouver au Fonds Aragon du CNRS, mais les lettres ne sont pas encore accessibles au public.

    Aragon s'exécute.Cela donne une datation approximative de cette visite : quelques jours après le 9 juin 1918.. D'après Aragon, ce fut sa première rencontre avec Soupault. Voir Aragon parle avec Dominique Arban, Seghers 1968, p. 31:

    "Au moment de notre rencontre [Aragon/Breton], Philippe n'était pas à Paris. Mais il y est revenu, malade, dans un hôpital militaire du boulevard Raspail (le bâtiment qui est devenu depuis celui de l'Alliance française). C'est alors que j'ai fait sa connaissance."

    Ce serait donc quelques jours après le 9 juin 1918.

    Je ne connais pas le manuscrit de Soupault (Aragon par lui-même). Je me souviens d'avoir eu connaissance de l'existence de ce manuscrit, mais je ne me souviens plus où j'ai trouvé cette imformation. Quelle est votre source d'information?

    Quant à la filiation d'Aragon, je vous en parlerai dans un autre e-mail.

    15.02.2002

  17. Réponse de Wolfgang Babilas (suite)

    Vous me demandez :

    "J’aurais également besoin de vérifier deux dates. La première concerne la révélation de sa filiation. Est-ce bien en juin 18 – avant d’être envoyé au front - qu’Aragon apprend qui est son père, ou bien en juin 17, avant d’être appelé (j’ai trouvé les deux dates) ? La seconde est justement celle de sa mobilisation de juin 18. J’ai noté qu’elle avait eu lieu fin juin. Auriez-vous par hasard la date exacte ?"

    Or, comme personne d'entre nous a assisté à cette scène, on ne peut qu'essayer d'examiner et de comparer les affirmations des uns et des autres. Et il faut être sceptique aussi à l'égard des affirmations temporelles d'Aragon, qui se trompe souvent dans ses souvenirs tardifs.

    J'ai trois déclarations d'Aragon sous les yeux (il y en a peut-être d'autres, mais je ne me les rappelle pas pour le moment).

    1) Première citation empruntée à la nouvelle «Le mentir-vrai», 1964 (Folio, p. 25) :

    «C'est seulement quand j'ai été mobilisé [ce fut en 1917] que ma pauvre mère a dû se résoudre à m'avouer... Cet homme [Louis Andrieux], il ne voulait pas que je sois tué sans avoir appris que j'étais le fruit de ses vertus viriles prolongées. Il avait exigé qu'on me dise la vérité. Je portais déjà l'uniforme, parce que Maman remettait toujours le jour de sa confession.»

    2) Deuxième citation empruntée à «Et, comme de toute mort renaît la vie...» (préface aux Voyageurs de l'impériale, décembre 1965, Folio, p. 7) :

    «Elle [ma mère] devait attendre 1917, pour s'infliger de me dire la vérité. Moi, je l'avais devinée, en silence.»

    3) Troisième citation empruntée à Henri Matisse, roman, éd. Quarto, p. 687, texte daté, par Aragon, 1969 :

    «Je l'appelais [= mon père] Parrain, c'était la version pieuse des choses. Il y renonça, pendant la guerre, quand je revêtis l'uniforme, et força ma mère à me dire qu'elle n'était pas ma soeur, parce qu'il ne voulait pas que je pusse être tué sans savoir que j'avais été une marque de sa virilité.»

    Vous voyez qu'on peut déduire de ces citations qu'Aragon place la confession de sa mère plutôt dans la deuxième moitié de 1917, après son incorporisation le 2 septembre 1917 (la date du 2 septembre 1917 se trouve sur l'État signalétique du médecin-auxiliaire Aragon, dont le fac-similé est reproduit dans le livre d'Hubert Juin, Aragon , Gallimard, 1960, à côté de la page 35. Hubert Juin, en 1960, ignore encore la problématique qui nous occupe ).

    Ceci dit, force nous est est de constater que les critiques placent, en général, cette scène dans l'an 1918. Voici quelques voix :

    1) Pierre Daix, Aragon, 2e éd., 1994, p. 70, parle de 1918, «quand son fils part pour le front».

    2) Daniel Bougnoux, l'éditeur des OEuvres romanesques complètes de la Pléiade, écrit (t. I, p. XL) :

    «Lors de son départ (son ordre de transport de Paris à Saint-Dizier est tamponné le 26 juin [1918] à la gare de l'Est), sa mère, en l'accompagnant jusqu'au train, lui révéla le secret de sa naissance, poussée par Louis Andrieux. Celui-ci, dira Aragon, 'força ma mère à me dire qu'elle n'était pas ma soeur, parce qu'il ne voulait pas que je pusse être tué sans savoir que j'avais été une marque de sa virilité."»

    3) Jean Ristat, Album Aragon, Pléiade, 1997, p. 42, place les deux dates l'une à côté de l'autre sans mettre le doigt sur cette divergence :

    «En mars 1918, Aragon publie son premier poème [...]; il fait également la connaissance de Philippe Soupault. Le 4 avril, il est nommé 'à l'emploi de médecin-auxiliaire'. Quelques jours avant son départ pour le front, le 26 mai [voir hors texte, p. 88], Louis apprend le secret de sa naissance. Il a toujours prétendu l'avoir su - sans en rien dire : "Elle devait attendre 1917 pour s'infliger de me dire la vérité. Moi, je l'avais devinée, en silence."»

    Entre parenthèses («voir hors texte, p. 88»), Ristat renvoie à la reproduction en fac-similé de "L'Ordre de transport" du militaire Aragon, et là est indiqué, comme date de départ, le «26.5.18» , ce qui rend douteuse la datation «juin» de l'éditeur de la Pléiade (voir supra)..

    4) Roselyne Collinet-Waller, Aragon et le père, romans, Presses Universitaires de Strasbourg, 2001, p. 20, se limite à écrire:

    «C'est par un véritable coup de théâtre qu'Aragon eut accès à la vérité sur sa naissance, en 1918. Il était mobilisé, portait déjà l'uniforme et partait pour le front; sa mère avait repoussé jusqu'au dernier moment sa confession.»

    En m'en tenant aux indications d'Aragon, je penche plutôt vers 1917, mais je ne connais pas la vérité."

    16.02.2002

  18. Question de R.-F. L.

  19. "Je cherche la source de ce texte d'Aragon cité par Godard dans ses Histoire(s) du cinéma:

    Parfois j’entends des hommes raconter le plaisir qu’ils ont pris avec celle-ci ou celle-là – oh, ce n’est pas la grossièreté, le mots parfois vraiment précis, non, mais, je ne sais pas, j’ai envie de leur dire: ‘Voyons, voyons, c’était autre chose’. Autre chose. Il n’y a pas de mots pour cela, cela ne s’inscrit pas dans les phrases, ou plutôt, si je commence une phrase, croyant avoir là sur le bout de la langue le tableau, le moment, la couleur, la robe tombée, cette clarté sur le corps de la femme, un ruban d’épaule qui glisse et se sentiment de peur mêlée à la hâte chez elle, ses bras, la tête perdue, le désordre qui se met dans la mémoire, je n’ai pas vraiment oublié, mais cela s’en va. Si je force le souvenir tout d’un coup je comprends ce qui m’arrive, j’imagine. Voilà, je ne me souviens plus, j’imagine."

    16.02.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    le passage que vous citez se trouve dans le roman Blanche ou l'oubli , Gallimard, 1967, p. 55 (= Folio, p. 55). Godard cite le texte avec de petites variantes. Je reconstitue l'original aragonien:

    Parfois j’entends des hommes raconter le plaisir qu’ils ont pris, avec celle-ci ou celle-là. Oh, ce n’est pas la grossièreté, les mots parfois vraiment précis, non! mais je ne sais pas, j’ai envie de leur dire, voyons, voyons, c’était autre chose. Autre chose. Il n’y a pas de mots pour cela. Comment faire entrer cet autre-chose là dans la linguistique générale? Cela ne s’inscrit pas dans les phrases. Ou plutôt si je commence une phrase, croyant avoir là, sur le bout de la langue, le tableau, le moment, la couleur, la robe tombée, cette clarté sur le corps de la femme, un ruban d’épaule qui glisse, et se sentiment de peur mêlé à la hâte chez elle, ses bras, la tête perdue... le désordre qui se met dans la mémoire, je n’ai pourtant pas vraiment oublié, mais cela me fuit. Un Chelsea comme un autre... Si je force le souvenir, tout d’un coup, je comprends ce qui m’arrive : j’imagine, voilà, je ne me souviens plus, j’imagine.

    16.02.2001

  20. Question de M. V.

  21. "Je me permets de vous adresser une (petite) question relative à la nouvelle "Le Mentir-vrai" de Louis Aragon -sur lequel je tente de bâtir une thèse ; j'espère que vous aurez un peu de temps pour me répondre.

    La voici : dans un de vos aticles (je crois qu'il s'agissait des actes du colloque Aragon 1956) pour justifier votre hypothèse sur le Roman inachevé selon laquelle le "moi-je" est à lire comme un personnage de fiction, vous faites allusion à la nouvelle "le mentir-vrai" et vous expliquez que ni la version "mentie", ni la version "vraie" n'y sont authentiques. Pourriez-vous me donner des précisions? En quoi le version de son enfance qui se présente comme authentique ne l'est pas tout à fait ? Et est-ce voulu ou pas par Aragon?"

    16.02.2002

    Réponse de Wolfgang Babilas

    Dans "Le mentir-vrai", les écarts de la réalité sont évidemment voulus par Aragon. J'ai largement exposé (et justifié) mes idées sur cette question dans le chapitre "'Vérité' et 'mensonge' dans la nouvelle 'Le mentir-vrai'" qui paraîtra, en français, au mois d'avril, dans mon ouvrage Études sur Louis Aragon, 2 vol., Münster, Nodus Publikationen, 2002.

    16.02.2002

  22. Question de F. B. (USA) :

  23. "I wonder if you might be able to tell me in what works of Aragon he would have described his visit to Berlin?"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Je ne connais que peu de passages où Aragon parle de son séjour à Berlin (il le mentionne aussi ailleurs, mais très brièvement, sans donner de détails).

    1. Il y a quelques pages dans son article "Le dernier été" qui a paru immédiatement après son séjour berlinois dans la revue Littérature, no. 6, novembre 1922, et qui est repris dans L'OEuvre poétique, deuxième édition, tome 1, p. 493 à 500, et également dans le recueil Chroniques I, 1918-1932, Paris, Stock, 1998, p. 116 à 121.

    2. Dans Le paysan de Paris, Aragon parle brièvement d'un détail de son séjour à Berlin. Il ne s'agit que d'une seule phrase qui se présente ainsi:

    "J'ai ainsi vécu à Berlin dans un semblable endroit de la Joachimstalerstrasse, dans Charlottenburg, où je payais ma chambre tous les soirs avant d'y entrer, encore que j'y eusse laissé ma malle."

    Vous trouvez cette phrase aux premières pages du chapitre "Le Passage de l'Opéra", dans le paragraphe qui commence par les mots

    "Ceux-ci naîtront ainsi des ruines des mystères d'aujourd'hui."

    Il y a une deuxième phrase qui est peut-être une allusion à son séjour à Berlin. Aux dernières pages du "Passage de l'Opéra" (paragraphe qui commence par "Le 29bis est le Théâtre Moderne."), on lit :

    "On y trouve les dames de la scène, et leurs hommes. Le tout teinté de l'espoir insensé de rencontrer l'Américain ou le vieillard rançonnable. On se croirait dans la province allemande : une imitation délabrée, sans décor expressionniste, de la Scala de Berlin."

    3. Dans Le Roman inachevé (dans le poème intitulé "Le mot 'vie'"), Aragon évoque ses jours berlinois d'une manière plus explicte :

    "Mais des nuages de corbeaux couvraient l'Autriche des suicides
    Un beau jour tu es parti pour Berlin la poche et le coeur vides
    Spittelmarkt tu habites chez un marchand de quatre-saisons

    Ah cette ville était une île au coeur même des eaux mortelles
    Toutes les îles de la mer leurs merveilles que seraient-elles
    Sans le péril qui les entoure et la tempête et les requins

    Septembre de Charlottenbourg les longs soirs assis aux terrasses
    Et l'on s'en revenait parlant tard sous les arbres de Kantstrasse
    Vous en souvenez-vous toujours mes frère et soeurs américains

    Est-ce Jérusalem à l'heure où sur Samson le Temple croule
    Devant l'U-Bahnhof Nollendorf Platz chaussée et trottoirs la foule
    D'une bière amère à pleins murs emplit la coupe des maisons

    Et comme un feu dans les fourmis dans le poulailler le renard
    Soudain voici qu'en tous les sens la charge des Schupos démarre
    Et ce n'est pas ce coup-ci que l'homme de chair aura raison

    Il y a quelque chose de pourri dans cette vie humaine
    Quelque chose par quoi l'esprit voit se rétrécir son domaine
    L'on ne sait de quel côté se tourner pour chasser ce tourment

    Rentrer chez soi Qu'est-ce que c'est chez soi Mais il faut bien qu'on parte
    Place Blanche on ira retrouver ses amis jouer aux cartes
    Pour se persuader qu'il est avec l'enfer des accomodements

    Cette vie avait-elle un sens et de quel côté sont les torts
    Ce n'est qu'un décor pour toi Kurfürstendamm Brandenburger Tor
    On y dévaluait d'un même coup le mark et les idées"

    20.01.01

  24. >Question de H. G. (Suisse) :

    "Je dois préparer un travail de français sur Aragon et la chanson française pour le début du mois de février 2001. Malheureusement je ne sais pas où trouver des articles dans lequels on parle de sa relation avec le sujet et avec des interprètes."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    À ma connaissance, il n'y a que peu d'études consacrées aux relations Aragon - chanson. Je peux vous signaler la revue Je chante! la revue de la chanson française (36-44, rue de Wattignies, F-75012 Paris) qui a consacré son numéro 9, Septembre-Octobre-Novembre 1992, aux chansons d'Aragon ("Spécial Aragon"). Dans ce cahier il y a, à côté des témoignages d'autres chanteurs, aussi le témoignage de Jean Ferrat, intitulé "Un idéal d'écriture".

    Dans le supplément à ce numéro, intitulé "Discographies", on trouve "Les interprètes de Louis Aragon", c'est-à-dire la liste des interprètes avec les chansons d'Aragon qu'ils chantent (1953-1992).

    Je vous signale également l'article de Robert Horville: "Aragon - Ferré, ou la parfaite alliance des mots et de la musique", paru dans le volume: Bernard Lecherbonnier et Jacques Girault (éd.): Les engagements d'Aragon. Université de Paris XIII. Centre d'études littéraires francophones et comparées) Paris: L'Harmattan, 1998 (Itinéraires et contacts de cultures, 24), p. 159-165.

    Léo Ferré a écrit un texte intitulé "Aragon et la composition musicale" qui a paru dans Les Lettres françaises du 19 janvier 1961 et qui figure également sur la pochette du disque Les Chansons d'Aragon de Léo Ferré, Barclay 80138. Dans le même numéro des Lettres françaises et également sur la pochette se trouve le texte d'Aragon "Léo Ferré et la mise en chanson". Les deux textes indiqués sont repris dans l'OEuvre poétique d'Aragon, 2e édition, tome 6, p. 336-338 (le texte d'Aragon) et tome 6, p. 339-341 (le texte de Ferré).

    Il y a enfin l'article d'Aragon "Salut à Monique [Morelli] et Lino [Léonardi]", publié dans Les Lettres françaises du 17 juin 1970. Il se trouve également dans L'OEuvre poétique d'Aragon, 2e éd., t. 7, p. 557-562.

    À la page http://www.uni-muenster.de/Aragon/werk/allgemein/disques.htm vous trouvez la liste des disques que je connais.

    15.01.01

  25. Question de A. B. :

    "Je suis à la recherche d'un document en votre possession, qui est une lettre d'Aragon adressée à Rafaël Alberti."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Le document que vous cherchez (Lettre d'Aragon à Rafael Alberti et María-Teresa León présentée et traduite par Robert Marrast) se trouve effectivement dans le numéro 28 (décembre 1999) de la revue Faites entrer l'infini, éditée par La Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet. Vous pouvez vous procurer ce cahier en vous adressant à la trésorière de cette Société, Madame Michelle Mallet, 42, rue du Stade, 78120 Rambouillet (Tél. 01 30 59 83 70). La Société n'est pas connectée à Internet et n'a donc pas d'adresse e-mail.

    04.01.01

  26. Question de Penvins :

    "Vous êtes l'auteur d'un site sur Louis Aragon qui fait référence, nous lançons un site intitulé "Exigence : Littérature" qui se propose de regarder la littérature avec un peu de recul. Dans ce cadre nous souhaiterions présenter quelques sites consacrés à des écrivains connus ainsi que les créateurs de ces sites. Accepteriez-vous de vous présenter et de présenter votre site, dites-nous depuis quand et dans quelles circonstances vous l'avez créé ce que vous en espériez, ce que cela vous a apporté…, dites-nous également qui vous êtes, votre âge, votre formation… vos réponses figureront - si vous en êtes d'accord - sur notre site et si vous le souhaitez nous pourrons y faire figurer votre logo.

    Je suis moi-même l'auteur d'un site sur Louis-Ferdinand Céline et Alice Granger d'un site de Notes de Lecture, l'adresse de ces 2 sites étant la même que celle d'Exigence : Littérature, (http://www.e-litterature.net)."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Je vous remercie de vouloir présenter mon site "Louis Aragon Online" sur votre site "Exigence : Littérature". Vous me posez quelques questions; voici quelques réponses :

    Le site :

    Le site a pour objectif de présenter, d'une manière aussi complète que possible, la vie et l'oeuvre de Louis Aragon (1897-1982) et les activités diverses que lui consacrent la critique littéraire, la recherche universitaire, les artistes etc. Le site voudrait donc combiner les fonctions d'un manuel consacré à Aragon (biographie, bibliographie, présentation analytique de chaque oeuvre), manuel continuellement mis à jour, avec celles d'un magazine électronique renseignant sur l'actualité aragonienne : nouveaux livres, colloques, émissions de radio et de télévision, films, expositions, thèses, chansons, activités diverses. S'adressant en première ligne à un large public d'amateurs de littérature qu'il veut introduire dans l'univers aragonien, le site forme aussi un lieu où les étudiants peuvent se renseigner sur l'écrivain et sur la recherche qui lui est consacrée, ainsi qu'un forum où les chercheurs ont la possibilité d'analyser et de discuter l'auteur, d'échanger des informations et de publier leurs propres contributions aux études aragoniennes. Je tiens à ce que le site "Louis Aragon Online" rende compte de la diversité de l'oeuvre et de la personnalité de l'écrivain, et qu'il reflète également la diversité des jugements portés par la critique sur l'homme et l'oeuvre. Deux pages indiquent des liens vers d'autres sites dédiés à Aragon. La première édition du site porte la date du 31 janvier 1997.

    L'auteur :

    Né en 1929, je suis professeur émérite de philologie romane à l'Université de Münster (Allemagne). Encore étudiant, je me sentais déjà attiré par le bel canto de la poésie d'Aragon. Dès le début des années soixante, j'ai commencé à faire de la recherche sur son oeuvre. Les premières études que je publiais me valurent l'amitié du poète. De 1971 jusqu'à sa mort, j'avais le plaisir d'être très souvent, avec ma femme, traductrice de plusieurs de ses livres en allemand, son invité rue de Varenne où nous passions avec lui des heures inoubliables. Professeur de faculté, j'ai toujours tenu à intégrer son oeuvre dans mon enseignement. J'ai participé à des colloques qui lui étaient consacrés et j'ai publié de nombreux articles sur son oeuvre.

    Ma position en tant qu'auteur du site est celle d'un universitaire qui cherche à garder, autant que possible, l'objectivité dans sa manière de présenter et d'analyser les textes, mais qui ne se chargerait pas d'un tel travail sans une profonde admiration pour l'oeuvre qu'il étudie, et sans la volonté de la faire aimer à d'autres. Le fait que ce site soit publié en version bilingue (allemand - français) est, considérations pratiques mises à part, aussi un hommage à l'attachement profond qui liait l'écrivain français à la culture allemande.

    La création et l'élaboration continue de mon site m'apportent un important courrier électronique qui me montre qu'Aragon est connu sur tous les continents. En même temps, ce courrier donne à l'ancien professeur le plaisir de voir que, grâce au WWW, son auditoire confiné jadis à l'amphithéâtre de son Université s'est élargi aux dimensions du monde. Ma plus grande satisfaction serait de contribuer, avec mon site, à l'approfondissement de la connaissance d'un grand écrivain européen.

    14.12.00

  27. Question de D.B.:

    "Je cherche pour mon fils, de quel poème d'Aragon sont issus ces vers ---

    LA BARQUE A L'AMARRE DORT AU BORD DES MARES DANS L'OMBRE QUI MUE
    FEUILLARDS ET RAMURES, LA FRAICHEUR MURMURE ET RIEN NE REMUE

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    À mon regret, et malgré mes recherches, je ne peux vous indiquer la source de ces vers. Où votre fils les a-t-il trouvés? Je vais mettre votre question sur la page http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/questions/fragen.htm de mon site.

    13.09.1999

  28. Question de tiby :

    "Je souhaiterai trouver une analyse, une etude litteraire concernant le creve coeur.j'ai pu uniquement trouver l'alexandrin dans le creve coeur.existe t-il une analyse moins technique? merci"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Je ne connais que les travaux que j'ai signalés sur mon site Louis Aragon Online : http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/biblio_iv.htm. Je vous prie de vous reporter à cette page de mon site.

    04.09.1999

  29. Question de L. et N. Th.:

    "De quelle oeuvre provient la citation qui suit: 'j'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir'? Je désire connaître le contexte dans lequel Aragon a écrit cela."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Ma réponse à votre question est: je ne sais pas. On pourrait d'abord penser au Fou d'Elsa qui est une réinvention du passé, mais je ne crois pas que cette citation s'y trouve telle quelle. Je me demande d'ailleurs si c'est vraiment une citation authentique d'Aragon: ce qui me dérange est l'expression "la beauté de l'avenir". En général, Aragon s'exprime sur l'avenir d'une manière sceptique; parler sans ambages de "la beauté de l'avenir" me semble assez étrange, assez peu aragonien. Où avez-vous trouvé cette citation?

    15.01.99

  30. Question de A. :

    "J'aimerai si sela ne vous cause pas de problemes, avoir un petit commentaire sur l'un des ecritures de ARAGON "chant francais" la Diane francaise et cela le plus tot possible s'il vous plais."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Le poème "Chant français" a été écrit avant le 1er mai 1944, date à laquelle il fut publié, sous le pseudonyme François la Colère, dans le recueil clandestin L'Honneur des poètes. II. Europe (Éditions de Minuit). Dans cette publication, il porte la dédicace "À Marcel Cachin", non reprise dans l'édition La Diane française. Le poème décrit l'atmosphère lourde qui règne dans une ville française, probablement Paris ("ma ville majeure"), sous l'occupation allemande. Il y a aussi des gens qui prétendent amuser le peuple ("Les faux amuseurs"), des gens lâches. Le poète attend la venue d'un "Sauveur" (terminologie chrétienne appliquée à un libérateur politique), mais pour le moment, il ne voit que des hommes mauvais, peut-être les collaborateurs ("les larrons", allusion aux criminels qui entouraient le Christ crucifié). Il met son espoir dans un soulèvement du peuple qui a déjà commencé (dernier distique).

    04.11.1998

  31. Question de M.F. :

    "Devant effectuer un travail de comparaison sur le thème "littérature et politique" de louis Aragon et de Bertold Brecht, je me demandais si éventuellement, il y aurait des travaux à ce sujet. d'avanve, je vous remercie pour votre réponse."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Je vous signale l'article suivant : Hans-Joachim Neyer: "Aragon et Brecht. À propos de quelques remarques d'Aragon dans l'OEuvre Poétique", paru dans la revue SILEX (Grenoble), no. 8/9, 1978, p. 169-173.

    25.10.98

  32. Question de A. V. :

    "I'm the member of a choir in France and we've started practising pieces of music written from some of the "Tapisseries" by Aragon.Would you know, by chance, where I could get the text of these poems ? Maybe you DO know when they were written. I would be most grateful if you can send me any information you can related to this subject. Thanks a lot !"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Vous trouverez la série "Tapisseries", composée de cinq courts poèmes, dans le recueil Le Nouveau Crève-coeur (1948) qu'on peut lire aujourd'hui dans le volume Le Crève-coeur - Le Nouveau Crève-coeur, Gallimard, Collection Poésie, numéro 137, p. 117- 123.

    17.10.98

  33. Question de J.H. :

    " Ich wuerde gerne mehr lernen ueber die Entstehung dieses Gedichts ["Ce", in Le Crève-coeur], das auch als Lied von Francis Poulenc gesetzt wurder in den spaeten vierziger (?) Jahren. Auch Interpretationen waeren von Interesse."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Ich kann Ihnen folgende URL signalisieren: http://www.chez.com/poete/88.htm.

    04.10.98

  34. Question de H.B. :

    "Je n'arrive pas à remettre la main sur deux vers qui me semblaient provenir de Feu de joie, mais je me trompe certainement, et Dieu sait s'ils sont connus. Je vous les livre : Le monde à bas Je le bâtis plus beau. Cela vous dit-il quelque chose ?"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Le vers "Le monde à bas je le bâtis plus beau" se trouve effectivement dans Feu de joie, dans le poème intitulé "Secousse".

    20.08.98

  35. Question de Maurice Van Woensel (Brésil) :

    " Votre longue et prompte réponse à mon message électronique a été ume agréable surprise pour moi et mon collègue de travail. Um merci cordial pour toutes les précieuses informations. J’espère pouvoir consulter prochainement les articles cités, surtout le vôtre sur “Richard Coeur-de-Lion”, poème qui m’a bien intrigué parce qu’il ne se comprend qu’à travers des allusions, directes et indirectes: -à la biographie du poète” ( en prison à Tours, en 1942); -à la “petite histoire” des troubadours (la chanson de Blondel); -il me semble, au pain ersatz des années de guerre, “une chanson pure... blanche à la façon du pain d’autrefois” (il faut avoir vécu la guerre dans un pays occupé pour comprendre ce détail...); -aux évangiles: les mages qui voyaient une étoile au-dessus de “l’endroit où se trouvait l’enfant” - mages confondus ici avec les bergers -, aux bergers qui écoutaient les anges qui chantaient et montraient le chemin vers l’entant dans la crèche à Bethlehem: de la sorte le divin enfant persécuté par le mauvais roi est comparé au poète incarcéré par les allemands qui se venge en chantant son hymne à la Liberté.

    Somme toute, chaque mot dans ce poème a son poids et enrichit le sens global grâce aux références et allusions contenues dans chaque mot, et dans le jeu des vers, des rimes, des cadences, de l’absence de ponctuation: tout cela, pour moi, évoque la poésie d’Apollinaire qui a certainement eu une grande influence sur Aragon.

    Quant à notre travail. Il est marqué par ses destinataires: des brésiliens, héritiers culturels des portugais. Moi-même, d’origine et de formation belgo-flamande, j’essaye de faire le pont entre le Nouveau et le Vieux Monde: avec un collègue et des étudiants brésiliens nous essayons de retrouver les sources culturelles européennes de notre civilisation néo-latine et tropicale: notre tactique consiste surtout à produire des traductions poétiques de la lyrique médiévale et des poètes modernes médiévalisants. Et c’est dans ce cadre que nous avons “découvert” Aragon.

    Nous travaillons spécialement sur les Bestiaires médiévaux en latin et autres langues: nous pensons publ;ier un volume à ce sujet à court terme. Nous avons publié une traduction en vers d’une sélection de Carmina Burana et autres goliards ( textes en latin surtout, dont les savants allemands monopolisent pratiquement les éditions et études...) Chose curieuse: dans notre région, le Nordest du Brésil, continue encore la tradition des poètes populaires qui chantent et vendent leurs “folhetos” [Flugblätter] aux marchés: ces artistes quasi-illettrés continuent pas mal de traditions formelles et thématiques de la poésie médiévale, éteintes en Europe depuis un demi-siècle.

    Nos publications sont rédigées surtout en portugais: je ne sais pas si cette langue vous est assez familière pour comprendre nos textes et traductions. Si c’est le cas, nous nous ferons un plaisir de vous envoyer quelques spécimens de notre projet.

    Subséquemment: j’ai trouvé dans un poème d’Aragon cette allusion assez étrange: “Et pareil à l’oiseau que l’on cloue à la porte”(“Lancelot” – Les yeux d’Elsa). Or, en traduisant le Bestiaire d’Apollinaire j’y ai rencontré un vers analogue, relatif à l’hibou “Mon pauvre coeur est un hibou/ Qu’on cloue, qu’on décloue, qu’on recloue”. J’ai de vagues souvenirs qu’autrefois les paysans avaient la vilaine habitude de clouer des corneilles (ou des hibous), à la porte d’une grange, peut-être pour conjurer la mort dont ces oiseaux sont considérés les hérauts. Est-ce que vous savez, par hasard, des détails sur ces vers et cette étrange habitude?"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Merci pour votre message très informatif. Vous faites donc un travail culturel bien utile! Le monde du Moyen Âge ne m'est pas inconnu: j'ai écrit ma thèse d'"habilitation" sur les soi-disant "Sermoni subalpini" du XIIe siècle (où il y a un lapidaire, mais non pas un bestiaire, bien que plusieurs animaux mentionnés soient dotés d'un sens symbolique). Et j'ai fait des séminaires sur des textes en ancien français (Chrétien de Troyes etc.).

    Je crois lire le portugais suffisamment bien pour comprendre le sens global de textes écrits dans cette langue. Vous trouverez d'ailleurs sur mon site Aragon un article brésilien paru pour le centième anniversaire d'Aragon dans un journal du Brésil (http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/artikel/bresil.htm).

    Quant à "l'oiseau que l'on cloue à la porte" ("Lancelot"), c'est certainement une allusion à une ancienne habitude apparemment très répandue, et votre explication ("pour conjurer la mort") a pour elle une certaine probabilité. Mais il semble y avoir un sens encore plus précis (un sens "chrétien"), à savoir l'allusion à la crucifixion de Jésus (ce qui expliquerait aussi le comportement des paysans).

    Je me réfère à deux textes, l'un d'Aragon, l'autre de Romain Rolland.

    Aragon écrit dans sa nouvelle "L'Extra" (Le Libertinage, édition Bibliothèque de la Pléiade, Romans I, 1997, p. 329: "Elle [= la femelle du hibou] suit les regards de la lune et descend en tournoyant jusqu'au vantail d'une porte de ferme et elle reconnaît son mari, sur lequel les chrétiens des campagnes ont cru venger la mort du fils de leur dieu [...]."

    Vers la fin de son roman L'Âme enchantée, Romain Rolland dépeint un des personnages principaux, Annette, femme qui a terriblement viellie et qui s'approche de sa fin, de la manière suivante: "Ses yeux bombés avaient pris le regard ouaté de la chouette. [...] Silvio fixa le front et les yeux, sans visage, entre des ailes éployées, dans un étrange médaillon qu'il sculpta sur un morceau de poirier; il le cloua au linteau de la porte d'entrée, comme une chouette crucifiée." (Cité d'après édition du roman dans la collection "Le Livre de poche", 1964, tome III, Troisième partie: Via Sacra, page 471).

    On retrouve l'image en question à plusieurs reprises chez Aragon; pour le moment, je me rappelle, outre le passage que je viens de citer, les vers "La vie est faite de paroles / Et de chouettes que l'on cloue" ("Enfer IX" dans Le Voyage de Hollande, Paris, Seghers, 1965, p. 83).

    Et Victor Hugo s'adresse à Napoléon III avec les vers: "Haillon humain, hibou déplumé, bête morte, / Tu resteras dehors et cloué sur la porte." (Les Châtiments, Livre septième, XII [derniers vers du poème XII daté de 1853]

    16.06.98

  36. Question de H.B. :

    "J'ai le vague souvenir, si je ne l'ai pas rêvé, d'un article qu'Aragon aurait écrit sur Robert Desnos, après le second manifeste de Breton. Pour des raisons purement spéculatives, je suppose que cet article a été rédigé après la consommation de la rupture du groupe surréaliste, soit entre l'excommunication de Desnos et le départ d'Aragon, mais il est possible que je me trompe. Auriez-vous ça dans vos archives et si oui, me communiqueriez-vous les référencers ?"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Le texte, que vous n'avez pas rêvé, porte le titre "Corps, Âme et Biens" et fut publié dans Le Surréalisme au service de la Révolution, no. 1, juillet 1930, p. 13-15. L'article se réfère, comme le montre déjà le titre, au livre de Desnos Corps et BiensDesnos qu'il éreinte cruellement, ainsi que l'auteur lui-même: "cet être nul, ce spécialiste du cafouillage lyrique, ce dindon à mettre à toutes les sauces... ce menteur professionnel... il se range ainsi définitivement dans la catégorie des mouches à merde." La virulence d'Aragon s'explique certainement par la participation de Desnos au pamphlet "Un cadavre" de janvier 1930; par son article, Aragon se place, indirectement, du côté de Breton qui avait "excommunié" Desnos dans le Second Manifeste. On constate qu'Aragon n'a pas repris ce texte dans son OEuvre poétique (Édouard Ruiz non plus dans son édition), bien qu'il eût été fier de ne rien passer sous silence de ce qu'il avait écrit de "scandaleux". Mais après le destin qui devait être celui de Desnos Aragon trouvait apparemment indécent de reproduire la gifle qu'il avait donnée à Desnos en 1930.

    13.06.98

  37. Question de Maurice Van Woensel (Brésil):

    "Nous travaillons ici sur les reflets de la poésie médiévale sur la poésie moderne. Apollinaire est précieux pour nous dans ce contexte: j'ignorais les aspects médiévaux de la poésie d'Aragon, mais j'e retrouve des traces dans la poésie "Richard Coeur-de-Lion" (Les yeux d'Elsa) qui renoue avec ce grand trouvère dans un contexte très original: il compare la légende de Richard, prisonnier, qui aurait chanté dans sa tour-prison une chanson improvisée par lui et que le trouvère Blondel de Nesle aurait reconnu le roi captif à ces mots et à sa voix. Or, Aragon, prisonnier des allemands à Tours, a composé - en prison? - ce poème dans lequel il compare sa situation e son poème à ceux de Richard. Magnifique comme trouvaille et comme création poétique.

    Est-ce que Aragon que je connais assez peu, a laissé d'autres textes où il incorpore des thèmes ou formes poétiques médiévales? Je vous remercie d'avance de quelques mots d'information. Nous travaillons ici à l'Université Fédérale de Paraiba, Brésil et comparons des textes médiévaux et modernes de différentes langues. Nous avons une homepage propre:

    www.netwaybbs.com.br/clientes/poesia.medieval

    Maurice Van Woensel"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    à partir du roman Les Beaux Quartiers (1936), mais surtout depuis Le Crève-coeur (1941), et ici le poème "Les croisés", l'oeuvre d'Aragon fourmille d'allusions à la poésie et au monde médiévaux. Il y a tout un poème, Brocéliande (1942), qu'on trouve dans l'édition de La Diane française, qui reprend des motifs médiévaux. Dans l'appendice aux Yeux d'Elsa, Aragon a publié son étude "La Leçon de Ribérac ou l'Europe française" où il expose ses idées. Mais il m'est impossible de vous donner une bibliographie de toutes ces allusions qui sont vraiment beaucoup trop nombreuses.

    Il y a certains travaux consacrés à cet aspect très important de l'oeuvre d'Aragon. J'ai moi-même écrit deux articles où cet aspect joue un rôle significatif. L'un d'eux traite justement le poème "Richard Coeur-de- Lion" dont vous parlez dans votre e-mail, et l'autre le poème "Pour un chant national" (tiré également des Yeux d'Elsa). Voici les indications bibliographiques:

    Wolfgang Babilas: "Sur un poème poétologique d'Aragon: "Richard Coeur-de-Lion", Revue des Sciences humaines , LXXV, no 204 (1986), pp. 133-146 (en français)

    "Aragon: 'Pour un chant national'", dans: A. Arens (éd), Text- Etymologie. Untersuchungen zu Textkörper und Textinhalt. Festschrift für Heinrich Lausberg zum 75. Geburtstag, Stuttgart 1987, pp. 298-314 (en allemand, mais il y aura, probablement l'année prochaine, une traduction française)

    Je vous cite aussi un article de Dietmar Rieger: "Mittelalter und Résistance. Die Auseinandersetzung um Aragons 'La leçon de Ribérac ou l'Europe française' (1941)", dans H. Krauss et D. Rieger (éd.): Mittelalterstudien. Erich Köhler zum Gedenken. Heidelberg: Carl Winter Universitätsverlag, 1984, pp. 249-267 (en allemand).

    Il y a aussi un article sur Aragon et la poésie des troubadours, mais je ne l'ai pas, en ce moment, sous la main; si je le retrouve, je vous donnerai les indications bibliographiques.

    Il y a, en tout cas, dans ce domaine encore beaucoup de recherches à faire, et Aragon nous a fourni beaucoup de matière à étudier. Je ne peux que vous encourager d'en tenir compte dans votre projet (dont j'ai regardé l'homepage). Je serais curieux de connaître les résultats de vos travaux.

    12.06.98

  38. Question de Fabio P. (Belgique):

    "Je serais ravi si vous aviez l'amabilité de répondre à la question suivante: Dans quelle mesure Le Mouvement perpétuel d'Aragon est-il un recueil surréaliste?"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Monsieur,

    Voici mes réflexions actuelles à ce sujet:

    1. Le surréalisme est multiforme et ne se réduit pas à une écriture homogène (l'écriture automatique) commune à tous les membres du groupe.

    2. Le surréalisme a pour but la "révolution"; il se divise en plusieurs activités: l'écriture, les expériences de rêve, la peinture surréaliste, les "happenings" etc.

    3. Chaque activité conforme à la discipline du groupe, exercée au nom du surréalisme et poursuivant le but du surréalisme est surréaliste.

    4. Chaque membre du groupe surréaliste qui écrit en tant que militant surréaliste et en conformité avec la discipline et le but du groupe participe à l'activité surréaliste générale et produit donc des textes surréalistes (par exemple les poèmes du Mouvement perpétuel).

    5. Il n'y a pas d'ensemble de critères formels dont la présence dans un texte confère à celui-ci le caractère de texte surréaliste. Autrement dit: il n'y a pas de conditions (sémantiques, grammaticales, structurales etc.) nécessaires qui, prises ensemble, font automatiquement d'un texte un texte surréaliste. Il y a, tout au plus, une certaine "ressemblance de famille" entre quelques textes surréalistes.

    6. Il n'y a qu'une seule condition suffisante pour qu'un texte mérite d'être qualifié de "surréaliste": l'auteur doit être à la fois membre militant du groupe surréaliste, poursuivre le but révolutionnaire du surréalisme et s'en tenir à la discipline dominante. Aragon remplit cette triple condition dans une très large mesure; tout ce qu'il écrit pendant la période de son appartenance au mouvement (par exemple Le Mouvement perpétuel) et ne contredit pas la discipline du groupe (ce qui est probablement le cas pour La Défense de l'infini, parce qu'il s'agit là d'un roman, genre banni par le groupe) peut donc être considéré comme surréaliste. Si les textes d'Aragon - comme une partie de ceux qui forment Le Mouvement perpétuel - se distinguent de textes d'autres surréalistes, c'est tout à fait normal (voir supra § 1).

    7. Chez Aragon, il y a encore une particularité: Ses textes surréalistes sont à la théorie surréaliste ce que ses romans sont au réalisme socialiste. Dans les deux cas, Aragon se déclare partisan d'une certaine théorie, mais produit des textes qui, pris en eux-mêmes, ne permettraient guère d'être comptés parmi les textes surréalistes ou réalistes-socialistes tels qu'on les connaît par d'autres auteurs ou par des écrits théoriques. (Du texte des romans du Monde réel - à l'exception des Communistes - on ne pourrait pas déduire que leur auteur est communiste. "Vous avez donc une fausse conception de ce qu'est le communisme", répondrait Aragon.) Aragon n'a qu'une devise: je fais ceci, je fais cela, et mon texte est ce que j'affirme qu'il l'est. Je me fiche des définitions abstraites des autres, tout en me servant de leurs termes techniques. J'écris, par exemple, La Semaine sainte, et je décrète que c'est du réalisme socialiste; tant pis si le lecteur n'y retrouve pas les définitions qu'il porte dans sa tête parce qu'il les a lues ailleurs. Ma pratique précède la théorie et la détermine. Je redéfinis par ma pratique de l'écriture les formules préfabriquées, tout en gardant certains termes théoriques. Ou plutôt: c'est moi qui produis la version authentique de ce que vous appelez "surréalisme" ou "réalisme socialiste".

  39. 14.05.98

  40. Remarque de A. Th. :

    "Tolle seltene Website : Eben schrieb ich das letzte Gedicht aus Theater/Roman in meine Website, da sagte ich mir, sieh doch mal nach, was FIREBALL zur ARAGON sagt. Da fand ich Ihre Website. Ich konnte es nicht fassen! Ich hatte wirklich geglaubt, nach dem Fall der Mauer würde kein deutschsprachiger Verlag mehr Aragon veröffentlichen, dementsprechend auch keiner Autor mehr über seine Bücher schreiben. "

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Zunächst herzlichen Dank für Ihre so freundliche E-mail und dann für die Empfehlung meiner Aragon-Website auf Ihrer Website. Ich habe mit Interesse gelesen, was Sie über Aragon geschrieben haben. Sie zeigen, daß man Aragon ganz von innen her aufnehmen und verstehen kann, daß man ein unmittelbares, existentielles Verhältnis zu seinen Texten aufbauen kann. Auch ich bin von diesem direkten Ergriffensein von Aragons Worten ausgegangen und habe mich dann jahrelang mit diesen Texten beschäftigt. Gewisse Ergebnisse dieser Beschäftigung versuche ich, auf meiner Website an andere Menschen weiterzugeben.

    Aragon ist ein universaler Schriftsteller, der die großen Probleme und Gefühle des Menschen in einer wundervollen Sprache behandelt, und deshalb konnte mit dem Ende der DDR nicht das Ende Aragons in Deutschland kommen. Aragons Kommunismus war eine Sache seiner Überzeugung, fand aber in seinen großen literarischen Werken praktisch keinen Niederschlag, kam nur in wenigen Texten hier und da einmal zum Ausdruck. Außerdem war Aragon ja immer auch in der alten Bundesrepublik präsent (wenn auch nur einer kleinen Elite bekannt); nachdem seine Werke beim Erscheinen in allen großen westdeutschen Zeitungen gefeiert worden waren, bestand kein Grund, ihn nach der Wende zu ächten.

    Ich freue mich, daß Sie auf Ihre persönliche Weise zur Verbreitung Aragons in Deutschland beitragen.

  41. 14.05.98

  42. Question de E. B. :

    "Je suis à la recherche d'un enregistrement des six émissions sur Aragon qui avaient été diffusées sur Antenne 2 en Octobre 1979, ainsi que l'émission Théma récemment diffusée sur ARTE et consacrée à Aragon (c'est la dernière partie de l'émission après le film de Jean Renoir qui me manque)."

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Quant à vos questions:

    Pour l'enregistrement des six émissions d'octobre 1979, je vous recommande de vous adresser à Antenne 2. Moi-même, je ne possède pas ces enregistrements.

    Pour le film "Aragon - le pouvoir magique des mots", je vous recommande de vous adresser ou à ARTE C.E.I.E., 2a, rue de la Fonderie, F-67080 Strasbourg Cedex , tél. 88142222, ou bien à M. Gérald Collas, Institut National de l'Audiovisuel (INA), qui a produit ce film. Vous trouverez l'adresse de l'INA sur Internet.

  43. 27.02.98

  44. Question de J.-P.J. :

    "Je recherche pour une amie dans quel livre se trouve le poeme : 'Il n'y a pas d'amour heureux'"

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Le poème "Il n'y a pas d'amour heureux" se trouve dans le recueil La Diane française qui, paru la première fois fin 1944, est publié par les éditions Seghers. Vous trouvez deux liens vers le texte du poème à la page http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/werk/mittel/df_f.htm de mon site.

    02.02.98

  45. Question de I. M. :

    "Connaissez-vous le recueil dans lequel est edite "L'affiche Rouge"? Ce texte pourrait avoir ete ecrit vers 1955 si l'on se referre a la mise en chanson de FERRE (11 ans deja ....)."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Le poème qui portera plus tard le titre "L'Affiche rouge" a paru dans le recueil Le Roman inachevé (1956) (qui n'est, à vrai dire, pas un recueil, mais un "poème") sous le titre "Strophes pour se souvenir". Le poème est daté de 1955. Le titre "L'Affiche rouge" ne lui viendra qu'avec la mise en chanson de Ferré.

    09.06.97

  46. Question de H. B. :

    "Je crois que vous pouvez répondre à une question que je me pose : 'La femme est l'avenir de l'homme' est, dit-on couramment, une reprise d'une citation marxienne. Est-ce vrai ?"

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Quant à votre question, il faut d'abord souligner que l'affirmation selon laquelle la sentence "L'avenir de l'homme est la femme" serait "une reprise d'une citation marxienne" n'est pas seulement quelque chose qu'"on dit couramment", mais que cette affirmation provient d'Aragon lui-même. Je connais deux de ses textes où il le dit expressément:

    1) Dans son article "Prendre son bien où on le trouve ou les ennemis", Les Lettres françaises, no. 956, daté du 14 au 20 décembre 1962, il déclare, se référant à l'écriture du Fou d'Elsa et au monde d'aujourd'hui:

    [...] dans un monde d'où l'idée même de Dieu est absente, je me permets de transcrire à ma manière la formule de Marx: "L'homme est l'avenir de l'homme", sous cette forme qui ne la contredit pas: "La femme est l'avenir de l'homme".

    2) Aragon reprendra cette idée un an plus tard dans un entretien avec Thérèse de Saint-Phalle, publié par Le Monde du 9 novembre 1963 sous le titre "Louis Aragon commente Le Fou d'Elsa une épopée de quatre cents pages", où il dit:

    Je suis l'ennemi de ce règne de l'homme qui n'est pas encore terminé. Pour moi, la femme est l'avenir de l'homme, au sens où Marx disait que l'homme est l'avenir de l'homme.

    Voilà donc ce que disait Aragon lui-même à propos de la filiation marxienne qui vous intéresse. Quant à savoir si Marx a vraiment formulé cette pensée et, dans l'affirmative, où elle se trouve formulée, il faudrait consulter un connaisseur de Marx ou se mettre à la lecture de son oeuvre qui n'est pas mince...

  47. 22.02.98

  48. Question de I.R. :

    "Je suis, depuis quelques jours, à la recherche d'un poème d'Aragon qui a été chanté par Jean Ferrat intitulé "Que ferai-je sans toi". Si vous pouviez m'indiquer le titre du recueil où je peux le trouver..."

    La chanson chantée par Jean Ferrat, et qui commence par les mots "Que serais-je sans toi" (et non pas "Que ferai-je sans toi"), est extraite du recueil Le Roman inachevé (1956) qu'on trouve actuellement surtout dans la collection Poésie /Gallimard, pages 238-240. Il s'agit de quelques vers et de quelques strophes que Jean Ferrat a choisis dans le poème beaucoup plus long intitulé "Prose du bonheur et d'Elsa". Les quatre premiers vers de la chanson qui, chez Ferrat, figurent comme refrain, font, chez Aragon, partie d'une strophe de six vers et ne servent pas de refrain.

  49. 19.02.98

  50. Question de B. :

    "Les CHANSONS D'ARAGON existent-elles en traduction. Aragon a-t-il écrit un livret d'opéra ?"

    Aragon n'a pas écrit de livret d'opéra. Les "chansons d'Aragon" sont ses poèmes mises en musique (voir la discographie sur mon site). Elles ne sont pas traduites en allemand. Ou de quelle langue parlez-vous?

  51. 07.02.98

  52. Question de jp. :

    Je recherche pour une amie dans quel livre se trouve le poeme : "Il n'y a pas d'amour heureux".

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Le poème "Il n'y a pas d'amour heureux" se trouve dans le recueil La Diane française qui, paru la première fois fin 1944, est publié par les éditions Seghers. Vous trouvez deux liens vers le texte du poème à la page http://www.uni-muenster.de/Romanistik/Aragon/werk/mittel/df_f.htm de mon site.

  53. 03.02.98

  54. Question de M. M. :

    "D'abord tres excitee, j'ai voulu pouvoir lire un des textes et decouvert que vous n'aviez qu'un des poeme au complet. Pourquoi pas plutot -j'imagine qu'il est trop cher de produire tout les textes- choisir au moins deux ou trois textes et prendre le temps de les mettre sur l'internet (je ne sais pas le mot en francais, de plus je n'ai pas le clavier pour les accents francais.) Bonne chance et merci."

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Merci d'avoir visité mon site Louis Aragon et d'avoir pris position au sujet des poèmes donnés en citation. Je comprends complètement que vous regrettez que beaucoup de poèmes (mais pas tous!) ne soient publiés qu'en extraits. La raison en est très simple: Il ne s'agit pas d'une question d'argent (mon travail de création et de maintenance de ce site est absolument gratuit, je ne reçois pas d'argent et n'en paye pas) ni d'une question de temps (on pourrait travailler avec un scanner au lieu de taper les textes à la main), mais exclusivement d'une question de copyright. Les lois du copyright ne me permettent pas la reproduction pure et simple de textes entiers dont les droits sont détenus par des maisons d'édition ou des personnes naturelles (comme Jean Ristat, légataire universel d'Aragon); - d'autre part, je ne suis pas au service de telles maisons ou de telles personnes. Tout ce que je peux faire c'est de donner des "citations", comme on le fait aussi dans des publications scientifiques, et ceci dans le cadre de ce qu'on nomme en anglais "fair use". Ces citations ne sont pas destinées à remplacer les livres où elles sont puisées, mais à inviter le cybernaute à se procurer le livre si les extraits lui plaisent. C'est pourquoi je mets sur chaque page de citations la remarque: "Les citations destinées à illustrer mon commentaire, à mettre le lecteur 'au parfum' et à l'inciter à la lecture de l'ouvrage entier sont faites selon le principe du 'fair use'. Elles ne prétendent en aucune manière rendre compte de tous les aspects de l'oeuvre."

    Ceci dit, on pourrait effectivement réfléchir sur votre suggestion de ne publier, pour chaque recueil, que deux ou trois textes, et ceux-ci non-abrégés. Mais, comme je le disais tout à l'heure, il y a déjà bon nombre de textes entiers sur les pages de citations, et les extraits ne servent qu'à indiquer d'autres aspects de l'oeuvre en question. Je suis donc divisé entre ma volonté de donner au lecteur des textes qui lui permettent de se former une idée de l'écriture d'Aragon, et la nécessité de respecter les lois du copyright et les intérêts légitimes des ayants droit.

  55. 10.01.98

  56. Question de j. :

    "Parlant de la forme du roman, quel est le rapport entre Le Paysan de Paris et le collage?"

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Les collages qu'on trouve dans Le Paysan de Paris consistent, pour l'essentiel, dans la reproduction graphique telle quelle d'objets pris dans la réalité: extraits de journal, titre d'un journal, diverses pancartes de petites entreprises et de marchandises, tarif des consommations du café Certa, une affiche indiquant le prix des places du "Théâtre Moderne", inscriptions-réclame, reproduction complète des inscriptions qui se trouvent sur une colonne dans le Parc des Buttes-Chaumont, mais aussi des citations de Kant et de Hegel.

  57. 30.12.97

  58. Question de F. D. :

    "J'ai récemment entendu à la radio le magnifique poème intitulé (?) "la Rose et le Réséda" ("Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas..."). J'ai cherché dans plusieurs recueils pour le retrouver, en vain. Pourriez-vous me le communiquer ou, à défaut, m'indiquer dans quel livre il a été édité ?"

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Le poème "La Rose et le Réséda", paru la première fois le 11 mars 1943 dans le journal marseillais Le Mot d'Ordre, a été repris dans le recueil d'Aragon La Diane française (achevé d'imprimer le 30 décembre 1944). Ce recueil sera republié chez Pierre Seghers dans les années qui suivent. Moi-même, j'ai l'édition de 1962 où le poème se trouve sur les pages 16 et 17.

    26.12.97

  59. Question de A.C. :

    "Est ce que je peux présumer encore un peu sur votre gentillesse en vous demandant un peu d'information générale sur Ce Soir?"

    Réponse de Wolfgang Babilas :

    Vous désirez des informations sur Ce soir. Eh bien, je vous ai déjà dit que ce journal a paru de mars 1937 à août 1939 et que ses directeurs étaient Aragon et Jean-Richard Bloch.

    C'était un grand journal du soir créé par le Parti Communiste Français pour faire concurrence à un autre grand journal du soir, un journal "bourgeois", à savoir Paris-Soir (qui devait devenir, après la guerre, France-Soir), dirigé par Pierre Lazareff. La politique rédactionnelle visait à donner à Ce soir un "look" intéressant apte à captiver un public non-communiste: beaucoup de photos, bandes dessinées, feuilletons de qualité (on y publiait, par exemple, un des romans de Heinrich Mann sur Henri IV), pages sur la mode etc. Je peux bien m'imaginer qu'il y avait une rubrique réservée aux échecs. C'était ce qu'on appelle en allemand un "journal de boulevard" de gauche, qui prenait d'une manière très soutenue la défense de la République espagnole, mais c'était aussi un journal où l'idéologie communiste se tenait à l'arrière-plan (contrairement à l'Humanité).

    Pendant certaines époques, Aragon y publiait chaque jour un éditorial (appelé, à partir d'un certain moment, "Un jour du monde"). Y collaboraient, de manière sporadique, des auteurs connus, par ex. Henry de Montherlant. Elsa Triolet y écrivait, naturellement. Maints journalistes qui seront plus tard des collaborateurs aux Lettres françaises étaient issus de Ce soir.

    Comme toute la presse communiste, le journal fut interdit par le gouvernement français fin août 1939, après le pacte de non-agression germano-soviétique qui fut interprété comme une trahison des communistes (soviétiques et français) censés faire maintenant cause commune avec les fascistes allemands. Il faut dire que dès l'annonce du voyage de von Rippentrop, ministre allemand des affaires étrangères, à Moscou, Aragon avait commencé une série de trois articles où il appelait les Français et les Britanniques de se solidariser avec l'URSS contre l'Allemagne hitlérienne, mais où il considérait aussi que le pacte était le signe d'une sorte de capitulation d'Hitler devant l'URSS qui de cette manière assurerait la paix. On sait aujourd'hui que cette opinion était une grave erreur, et que le pacte préparait justement le terrain pour l'agression allemande contre la Pologne (et la France et l'Union Soviétique elle-même). À cette époque, on ne savait pas non plus que les deux partenaires avaient signé un protocole annexe secret qui prévoyait le partage de l'Europe de l'Est entre Staline et Hitler.

    Si on lit les articles d'Aragon, on y décèle beaucoup de naïveté, beaucoup de foi dans les bonnes intentions de l'URSS, beaucoup d'illusions sur l'état d'esprit des chefs nazis, mais nulle trahison à l'égard de la France et du Royaume Uni. Mais après le troisième article, intitulé "Tous contre l'agresseur" (et l'agresseur était, aux yeux d'Aragon, l'Allemagne nazie), le journal fut interdit.

    Il y eut une résurrection après la guerre. Le premier directeur fut, à nouveau, Jean-Richard Bloch., et après la mort de celui-ci, en 1947, Aragon reprit la direction du journal qui vivait encore jusqu'en 1953. Mais c'est une autre histoire, et ce fut un journal différent, beaucoup plus politique et, me semble-t-il, plus idéologique et partisan. Il perdit ses lecteurs et cessa de paraître début 1953. À ce moment-là, Aragon prit la direction des Lettres françaises.

    19.12.97

  60. Question de P. L. :

    "Quelle présentation somptueuse qui ne laisse pas d'étonner un français bien curieux de constater la passion pour Aragon de la part d'un Professeur allemand. Je connais bien peu Aragon et le paradoxe est que c'est vous qui aller exciter ma curiosité ! Depuis quelque temps la presse et la radio française se penchent sur la mémoire d'Aragon. C'est dommage que son indigence politique ait conduit cet écrivain à une démarche qui s'apparente à de l'aveuglement. Cela a sans doute discrédité un peu l'écrivain. Pour le défendre - mais défend-on cela ? - n'a-t-on pas constaté de la part de "l'intelligentia" (sic) française récente une viscosité psychique semblable ?

    Quoiqu'il en soit merci pour votre investissement intellectuel auquel je souhaite le succès qu'il mérite."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Je vous remercie de la franchise avec laquelle vous prenez position. Certes, Aragon est un personnage problématique, et il y a chez lui des côtés qu'on peut abhorrer. Mais je suis profondément convaincu que l'écrivain Aragon - le romancier et le poète - est un des plus grands que votre nation ait eu dans ce vingtième siècle parce qu'il est un maître inoui de la langue française, et d'une langue française vivante! Aragon, me semble-t-il, incorpore, dans sa personne, les hauts et les bas des intellectuels européens de ce siècle; leur grandeur et leur servitude, il représente, pour ainsi dire, un paradigme de l'intellectuel. Voilà deux des multiples aspects qui m'attirent chez Aragon: l'usage superbe du langage et ses liens de force et de faiblesse avec son temps. Le premier me rend heureux, les seconds me laissent souvent déçus ou me révoltent, - mais que faire? La vie est si composite, et l'esprit d'Aragon l'est tout particulièrement. J'ajoute qu'il a toujours été un grand amateur de la culture allemande.

    Je me réjouirais d'apprendre que vous vous êtes mis à lire Aragon, et que vous y prenez plaisir. Si mes pages Web vous y incitaient, je m'en féliciterais grandement. Peut-être jetez-vous de temps en temps un regard sur les pages nouvelles ou complétées qui viendront enrichir (je l'espère au moins) mon site.

    06.10.97

  61. Question de S. D. :

    "Mit grossem Interesse verfolge ich Ihr Aragon-Projekt im Internet. Besonders interessiert mich hierbei der Einfluss Majakowskis auf Aragon Meine Frage ist nun, wo eine solche Beeinflussung im Rahmen einer Biographie, Monographie oder sonstiger Literatur sichtbar wird. Existieren Briefwechsel oder Tagebuecher Aragons, in denen von seinem Verhaeltnis zu Majakowski und dessen Ideen berichtet wird? Auch russische Aufzeichnungen sind fuer mich interessant, da ich - bedingt durch mein Nebenfach - Russisch studiere. Ich hoffe, dass Sie mir als Aragon-Experte an dieser Stelle weiterhelfen koennen und wuerde mich sehr ueber eine Antwort von Ihnen freuen."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Über den Einfluß Majakowskis auf Aragon gibt es meines Wissens keine Untersuchungen. Ich selber schätze einen solchen eventuellen Einfluß gering ein: Majakowski mochte für Aragon ganz allgemein den Typ des revolutionären Dichters verkörpern, sich selbst sah Aragon aber sicherlich nicht als Kopie des sowjetischen Dichters, sondern höchstens als ein französisches Pendant zu ihm.

    Ein Kenner Majakowskis sollte einmal Aragons Gedichtbände "Persécuté persécuteur" (einschließlich "Front Rouge") und "Hourrah l'Oural" mit Texten Majakowskis vergleichen; vielleicht ließen sich hier (aber wohl nur hier) irgendwelche Parallelen erkennen. Aragon erwähnt den Namen Majakowskis immer wieder einmal, wobei sicherlich die Tatsache eine vielleicht entscheidende Rolle spielt, daß Majakowski zunächst in die junge Elsa verliebt war und dann mit deren Schwester Lili und Ossip Brik eine "Ehe" zu dritt führte. Es gab also bei Aragon starke persönlich-emotionale Gründe, sich für Majakowski zu interessieren.

    Außerdem hat - wie Sie ja wissen werden - Elsa Triolet ein Buch über M. geschrieben (Maïakovski, poète russe, Souvenirs, Paris: Éditions Sociales Internationales, 1939) und Texte von ihm übersetzt (gesammelt in Maïakovski, Vers et proses de 1913 à 1930 précédés de souvenirs sur Maïakovski, Paris: Éditeurs Français Réunis, 1957, 500 S.).

    Aragons ausführlichster und wichtigster Text über Majakowski ist sein Aufsatz "Shakespeare et Maïakovski", veröffentlicht in Aragon, Littératures soviétiques, Paris: Éditions Denoël, 1955, S. 295- 358. Sein erster Artikel über Majakowski ist "Introduction à la lecture d''À pleine voix'", ursprünglich erschienen in der Moskauer Zeitschrift La Littérature internationale, numéro 2-3, 1933, und wiederabgedruckt in Aragon, L'OEuvre poétique, 2e édition, tome II, livre V, Paris: Livre Club Diderot, 1989, S. 727-734. Schließlich gibt es ebenda, S. 457-459, noch einen kurzen Text über die Zeit vor und nach dem Selbstmord Majakowskis.

    Die bisher veröffentlichten Briefwechsel Aragons enthalten nichts über M., Tagebücher hat Aragon nicht geschrieben. Russische Aufzeichnungen (anderer Autoren) über das Verhältnis Aragon - M. sind mir nicht bekannt.

    19.07.97

  62. Question de M. G. :

    "Si vous avez déjà reçu ma première communication, je m'excuse de me répéter! Je cherche le recueil où parut le poème "Je ne chante pas pour passer le temps". Je vous serais très reconnaissant de toute aide. Merci."

    Réponse de Wolfgang Babilas:

    Je n'ai reçu que votre deuxième message, et je vous en remercie. Votre communication est la première réaction à mon site Louis Aragon, venant des États-Unis, et je m'en réjouis. En ce qui concerne le poème qui vous intéresse, il faut vous dire que votre citation n'est pas correcte. Aragon dit le contraire de ce que vous lui faites dire. Le texte correct est: "Je chante pour passer le temps / Petit qu'il me reste de vivre / Comme on dessine sur le givre / Comme on se fait le coeur content / À lancer cailloux sur l'étang / Je chante pour passer le temps". C'est la première strophe. Suivent quatre strophes sans le vers en question. La sixième strophe pourtant reprend le sujet: "Oui pour passer le temps je chante / Au violon s'use l'archet / La pierre au jeu des ricochets / Et que mon amour est touchante / Près de moi dans l'ombre penchante / Oui pour passer le temps je chante". Et le poème se termine par les deux vers suivants: "Je passe le temps en chantant / Je chante pour passer le temps".

    Or, ce poème se trouve dans Le Roman inachevé de 1956, où il introduit la troisième et dernière partie de l'oeuvre. Si vous avez l'édition parue chez Gallimard dans la collection "Poésie", vous le trouverez sur les pages 157 et 158. Dans la collection "Blanche" de Gallimard , vous le trouverez sur les mêmes pages. Dans la collection L'Oeuvre poétique, deuxième édition, vous le trouverez dans le tome V (1990), pages 547 et 548.

    Comme le poème a été mis en musique par Léo Ferré, il est très populaire; il a été chanté par Léo Ferré, Philippe Léotard, Hélène Martin, Marc Ogeret, Catherine Sauvage. Voilà. Si vous avez d'autres questions relatives à Aragon à me poser, faites le; j'y répondrai dans la mesure de mon savoir.

    06.05.97

  63. Wer war der Leipziger Theologiestudent Rau (Ende des 18. Jahrhunderts), den Aragon zu Beginn von Jean-Foutre la Bite erwähnt und zitiert?

    Qui fut l'étudiant en théologie Rau de Leipzig (fin du XVIIIe siècle) qu'Aragon mentionne et cite au début de Jean-Foutre la Bite? (Question posée par Daniel Bougnoux, Grenoble)

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  64. Wer war "ce Joyeuse", den Aragon in der "Préface" zu Le Libertinage als Beispiel für einen wahrhaft Liebenden zitiert.

    Qui fut "ce Joyeuse" cité par Aragon dans la "Préface" au Libertinage comme exemple d'un vrai amant? (Question posée par Daniel Bougnoux, Grenoble)

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  65. Wer war der spanische König, dessen erste Frau rothaarig und dessen zweite Frau brünett war (Le Libertinage, p. 269)?

    Qui fut ce roi d'Espagne dont la première femme était rousse, et la seconde brune (Le Libertinage, p. 269)? (Question posée par Daniel Bougnoux, Grenoble)
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05.06.2004