LOUIS ARAGON ONLINE

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Meinungen und Urteile über Les Voyageurs de l'impériale

Opinions et jugements sur Les Voyageurs de l'impériale


Auguste Anglès (1943)
[...]
Jusqu'à ces derniers temps, jusqu'à la rencontre de Pierre Mercadier, Aragon représentait pour moi le type du romancier pressé. Le prodigieux prestissimo des Cloches de Bâle et des Beaux Quartiers ne me laissait pas le temps de respirer: c'était la même allégresse, le même entrain, le même brio que dans les Trois Mousquetaires, le même don de faire cascader les évenements, la même frénésie de vitesse. Je les ai dévorés, comme on dévore les Trois Mousquetaires et pourtant cette expression, si banale soit-elle, "dévorer un roman", m'a toujours paru paradoxale. Il me semble qu'un vrai roman c'est précisément ce qui ne peut pas se dévorer. Le vrai roman, tout au long de son histoire, a aimé à s'étaler et à prendre ses ailes et plus le roman était lent, long, touffu, interminable et nonchalant, plus les lecteurs s'y sont délectés. [...]
Ce qui m'étonnait et me ravissait chez Aragon, c'est que ses romans soient véritablement des romans par le nombre des personnages, l'abondance des détails, le luxe des incidents, un plaisir visible et contagieux à raconter, une floraison madréporique d'anecdotes, et en même temps si rapides. [...] Pour la première fois, rapidité n'a pas signifié concision. Un romancier a su aller vite en disant tout. Il s'est senti assez de souffle pour courir en tous terrains à l'allure d'un cent mètres. C'est le tour de force d'Aragon romancier. [...] Aragon est resté surréaliste au moins à la vitesse. Sa trouvaille est d'avoir "accéléré" le roman-fleuve. [...]
[...] Aragon [...] aime à raconter, il y a chez lui un don tout spontané et tout méridional pour les amusements et pour les caprices du conte, et ce plaisir de conversation, ce plaisir de causeur et de conteur se retrouve dans ses romans. Aragon est capable de fabriquer une histoire avec tout et avec rien, avec le malheur d'un chien écrasé ou avec le coryza de l'épicière du coin, et il est merveilleux d'abondance, d'humour, de pathétique, de variété, de vélocité. Mais après l'avoir écouté, on s'aperçoit qu'une seule chose manquait à la fête: la présence du chien ou de l'épicière. Il y a ainsi des romanciers qui sont de purs conteurs, successeurs des aèdes, des bardes, des jongleurs, de tous ceux qui, au cours des siècles, ont su, de place publique en monastère et d'auberge en château, captiver un auditoire par l'action de leur parole [...]. [...] Le roman d'Aragon est assurément une de ces oeuvres où la création n'est pas séparable de la diction. Ses personnages sont étroitement solidaires du récit qui les porte. Il raconte ses personnages, il ne les crée pas.
Tout cela je le pensais avant d'avoir rencontré Pierre Mercadier. Mais Aragon a une capacité de renouvellement et de recréation prodigieuse. L'homme qui s'est arrangé pour être à la fois l'auteur de la Grande Gaîté et celui des Yeux d'Elsa met perpétuellement la critique au défi, il est capable de démentir le lendemain ce que la veille elle a affirmé de lui.
Ce qui caractérisait les Beaux Quartiers comme les Cloches de Bâle, c'était le mouvement trépidant, la furia qui qui les emportait et les bousculait comme la frénésie d'une époque, comme la fièvre d'un monde en gestation. Ce qui caractérise la vie de Mercadier, c'est la nonchalance du débit, l'extrême richesse des sinuosités et des méandres, le touffu et le foisonnant de la végétation.
Ce qui caractérisait les Beaux Quartiers comme les Cloches de Bâle, c'était l'éclatante proclamation d'un message politique, le rythme de discours politique qui les soulevait autant et plus peut-être que le mouvement proprement romanesque. Ce qui caractérise la vie de Mercadier, c'est l'absence apparente de la préoccupation politique, l'indifférence apparente aux problèmes et aux drames du monde, mais une absence pleine d'allusions, une indifférence travaillée d'inquiétudes. Si bien qu'en simplifiant à l'extrême l'opposition entre ces romans, on pourrait dire que les premiers sont une démonstration par l'exemple et le dernier une démonstration par l'absurde. C'est la même signification, c'est la même leçon, c'est le même conseil, présentés autrefois sous une forme directe et positive et offerts maintenant de façon négative.
[...]
Pierre Mercadier est donc bien le porteur de la pensée de l'auteur, mais par manque et comme par défaut. Aragon s'est retiré de sa créature et l'a laissé jusqu'à ses tout derniers jours aux prises avec le néant. C'est à nous de tirer la leçon de cette vie figée sous son apparente variété jusqu'à ce que l'âge, le malheur et la misère aient détendu les ressorts de l'homme et miné son orgueil. Comme il serait d'ailleurs facile de transposer cette histoire en langage chrétien! Pierre Mercadier, c'est le tiède de l'Écriture, celui que les sermonaires du XVIIe appelaient l'homme de l'endurcissement, le délaissé de la grâce. [...]
Aragon n'a cependant pas méprisé ce héros abandonné, il ne l'a pas traité comme un fantoche, il ne s'est pas acharné à le detruire, il lui a même donné toutes ses chances dans les limites de son individualisme et de son égoïsme. L'artiste, en Aragon, est trop perpétuellement vivace, trop amoureux des formes, des chatoiements et des frôleries de la vie, pour se complaire à piétiner une loque. [...] C'est par le vide qu'Aragon a voulu nous donner le désir de la plénitude. C'est par la claustration de Mercadier en lui-même qu'il a voulu nous donner l'appétit de la communauté humaine..
Je sens bien à quel point je simplifie et j'élague. J'admire la compréhension et la sympathie d'Aragon pour un monde et une société qu'il condamne pourtant. [...] Le monde de l'enfance y remue et y chante à côté du monde de l'égoïsme et du monde de la misère. [...] tout revit avec le même brio, la même incroyable souplesse de talent et une richesse de vocabulaire, une variété de mots, de tours et de langues qui sont d'un véritable sorcier du langage.
Devant tant de virtuosité, devant un art si libre et si charmeur, dois-je avouer qu'il me reste au coeur je ne sais quelle insatisfaction? Six cents pages et nous restons sur notre faim! Cette bizarre déception tient je crois à ce qu'aucun des personnages ne semble véritablement élu par la tendresse la plus secrète d'Aragon. [...] Mais de tous ces fantômes, lequel allons-nous retenir pour qu'il soit notre frère, notre hôte, le compagnon des jours noirs? [...] Seule peut-être Yvonne, la fée musicienne, la jeune fille à la main brûlée... mais Aragon se hâte de la faire mourir. [...] Peut-être y a-t-il des romanciers qui créent par surabondance de vie et d'autres pour échapper à une secrète déficience, à une insatisfaction profonde. Aragon est évidemment des premiers.
[...] L'importance du livre n'apparaîtra sans doute que peu à peu. C'est la somme d'une époque qu'Aragon accomplit et qu'il liquide du même coup. Nous dont l'adolescence a été nourrie de ces thèmes et dont la jeunesse à été surprise par la guerre, nous y verrions volontiers la confession de l'enfant du siècle, mais une confession qui aboutit à la conversion.

Joë Bousquet (1944)
On a beaucoup répété qu'Aragon avait écrit un livre capital.Ce n'est pas dire assez. Son dernier livre est la capitale du roman.
[...] Enfin, le temps est venu où [...] un grand écrivain devait composer une oeuvre d'invention qui fût la seule réponse possible à la question: Qu'est-ce que la vie? Au lieu de faire concurrence à la réalité, ce roman apparaîtra comme l'aspect sous lequel elle se conserve, en déclassera, par conséquent, toutes les formes avortées. Le roman doit servir. Il faut qu'il devienne un briseur d'erreurs et que l'humanité trouve en lui, non plus le levain mais l'antidote du rêve. Nous le voulons plus vivant que nous et bien trop plein pour servir de refuge à nos ambitions refusées. Entreprise bien audacieuse, celle qui veut empêcher la fiction de flatter notre goût du faux et de nous enfermer dans des constructions chimériques! [...] Afin de ne pas devenir du songe fait chair il faudra que le roman d'Aragon ait du songe dans sa chair.
Les personnages que l'on rencontre dans ce livre rêvent et ils agissent: ils sont la somme algébrique de leur rêve et de leur action; détachés d'eux-mêmes par ce qui les rive à leur fonction sociale, pétris d'illusions qui leur cachent la perversité de leurs aspirations véritables, leur vocation est le mensonge qui leur fait accepter la vie: Pierre Mercadier ou Paulette, Pascal et Yvonne comme Dora ou Jeanne, intelligents ou bornés, honnêtes gens ou au contraire, moraux ou, selon leur morale relative, immoraux, ils roulent avec une efficacité égale le rocher qui les écrasera. Ils ne sont pas libres, ils se croient libres, ils n'incarnent pas la liberté du romancier, ils le désabusent de l'illusion que sa liberté ne connaît pas de limites, font la preuve qu'il est soumis à une idée qui règne à la fois sur lui et sur eux. En effet, il ne les a pas inventés d'abord, il a vu leurs liens avant de les voir, et dirait, je gage, si on l'interrogeait sur eux: les personnages ne font pas le roman, le roman fait les personnages. [...]
[...] Le mythe de la liberté est la plus belle invention de la nécessité sociale. Seule. la poésie ignore cette nécessité; et confond, justement, sa nature avec cette liberté qui est tout pour elle et où elle est tout. Aussi, l'auteur de ce livre doit-il oublier souvent, devant ses personnages, la loi qui les fait ceux qu'ils sont: romancier dialecticien pour les inventer, il est poète pour les faire vivre.
Ils sont extraordinairement réels en effet, d'une réalité à l'image de la vie telle qu'elle est sans le savoir. [...] chacun d'eux a son roman personnel enseveli dans l'action où ils sont mêlés, libre seulement de se mentir à lui-même et d'ignorer que son existence gravite autour d'une force cachée. [...] Et Pierre Mercadier [...] nommera cette force à laquelle toute l'activité de ses contemporains obéit: l'Argent.
En nous rappelant le titre d'un roman célèbre, ce mot nous ramène à l'histoire littéraire. Nous ne ferons intervenir le livre d'´´Emile Zola que pour mesurer ce qui sépare l'oeuvre de Louis Aragon du roman naturaliste. [...]
C'est par la supériorité de son art qu'Aragon se distingue le plus de son prédécesseur. On dirait qu'il a connu Zola, l'a aimé, a médité ses défauts. Aussi, le voit-on, dans Les Voyageurs éviter à la fois le terre-à-terre matérialiste lequel est un vulgaire pourvoyeur de rêves de remplacement et l'inflation épique.
[...]
Ainsi le naturalisme de ce roman nourrit un surnaturalisme à l'état naissant qui est la réalité pressentie d'un monde où les événements parlent pour nous et nous font un cerveau à la mesure de notre vie. Nous voilà loin de Zola, dira-t-on, et du grand Flaubert de l'Éducation sentimentale, bien qu'un peu moins. Pas si loin. On trouvera dans ce livre quelques-uns des éclairages qui ont fait Flaubert, quelques-uns des traits qui ont fait le tempérament de Zola. L'expérience naturaliste est intégrée à l'oeuvre surnaturaliste de Louis Aragon.
[...]
Je plains profondément ceux qui ne savent pas déchiffrer la réponse d'Aragon. [...] Notre histoire parle et se prononce à travers les Voyageurs, elle élève jusqu'aux nues le sommet glacé de son massif littéraire. Est-ce si peu de chose qu'une voix de poète à cette cime quand elle donne le plus magnifique avertissement, le plus français, celui qu'il fallait à des hommes aveuglés et dupes de leur force. Cette leçon je la résumerai en quelques mots, mais se résume-t-elle? Le monde tient l'homme, mais le coeur de l'homme contient le monde. Nous sommes le produit de la littérature, de l'art et de l'argent. Mais tout ce qui est sera notre oeuvre si nous devenons l'oeuvre de notre coeur. Qu'est-ce que notre coeur? demandera ici le dernier sceptique. Notre coeur c'est la vie des autres. Par cette découverte, le romancier franchit l'étape décisive de son devenir et regarde désormais son art d'un peu haut: Il a écrit parce qu'il était l'humanité de l'homme. Pascal, le fils de Mercadier, est déjà cet homme. [...] L'histoire de son coeur s'écrit délictement dans la Capitale du roman tandis que l'implacable Pierre Mercadier voué au néant par l'insuffisance de sa spéculation entre au dernier cercle de l'Enfer: la rouge et la noire de l'amour.
À quoi reconnaît-on le dernier cercle de l'Enfer? On y apprend qu'il est l'antichambre d'une laideur plus complète. Le dernier cercle de l'Enfer en est toujours l'avant-dernier. Mercadier nous rappelait Énée dans les premiers chapitres de l'ouvrage. Comme Dante, il va entrer au dernier cycle de l'horreur. Il n'invente rien, il voit. Comme Baudelaire, à force de courage, de conscience, il prédit; et nous décrit le châtiment de ceux qui ont perdu leur foi dans l'homme: un amour entre créatures qui soit l'horreur et le dégoût de la vie.
À force de rigueur et de poésie, Aragon est arrivé au terme de la colossale entreprise. C'est le point même où la mystique divine pourrait lui disputer sa solution.
[...]
Les Voyageurs sont la nouvelle comédie humaine. Que de sujets originaux, que d'expériences littéraires particulières Aragon a dû intégrer pour dresser enfin le sujet d'or, celui qui fait graviter autour de lui tous les drames mineurs si tentants pour les romanciers de l'individu.
Les uns croiront éveiller çà et là dans ce livre des échos déjà entendus dans Balzac. D'autres rappelleront, à propos de Paulette Mercadier, le goût de Flaubert pour les imbéciles. Le roman n'est pas la machine du romancier, il produit le romancier et dérive avant lui des faits sociaux, il ne serait pas un très bon roman s'il inventait des façons trop nouvelles de porter leurs traces. La profondeur des grands livres ressemble à l'apparence des livres qu'ils font oublier..
[...]
On dit couramment que la génération qui a fait la première guerre à vingt ans n'a pas eu de maîtres. Nous avons eu des maîtres, des maîtres excellents, qui étaient des hommes de notre âge.
[...] quelques figures se dégagent: Paulhan, Éluard, Aragon je les cite par rang d'âge trois hommes qui sont nés maîtres et qui ont fait les talents des hommes appartenant à leur propre génération. André Gaillard, Berl, Gros, moi-même si j'ose encourir le ridicule de me citer ont appris à lire dans le Paysan de Paris; de ce que j'avance j'ai les preuves sous les yeux. [...] Il faut de l'intelligence et un grand sens de la qualité littéraire pour reconnaître un maître dans un camarade. [...] Que des hommes de 25 ans soient les maîtres de leur génération, cela suppose qu'ils lui apprennent la vie en même temps que son métier et lui donnent, surtout, ces leçons de liberté dont on se souvient, le jour où l'on renie.

Hans Mayer (1952)
[...] Der Juli 1889 (und damit der Beginn unserer großen Erzählung) zeigt uns, was genau hundert Jahre später [= hundert Jahre nach dem Sturm auf die Bastille] aus den Ideen dieser französischen Revolution geworden ist. Die "Reisenden der Oberklasse" sind bürgerliche Menschen. Aragon unternimmt es, zu zeigen, wie sie sich hundert Jahre nach der von ihren Vorvätern unternommenen weltgeschichtlichen Bewegung in Frankreich dasrstellen. Die Distanz zwischen dem aufsteigenden französischen Bürgertum im Zeitalter der Großen Revolution und der absteigenden Phase dieser gleichen Gesellschaftsklasse bildet das entscheidende Spannungsmoment des Buches. In dem großen Zeitfresko, das Aragon im ersten Kapitel des dritten Teiles entwirft, sind diese Zusammenhänge besonders deutlich ausgesprochen; aber sie durchziehen Handlung und Konstellation des ganzen Romans.
Hier liegt auch die Erklärung für den Titel des Werkes. Eine wörtliche Übersetzung des französischen Titels ist nicht möglich. Les Voyageurs de l'Impériale auch dieser Originaltitel hat Doppelbedeutung. Er meint zunächst die Reisenden der "Impériale", die sich auf dem Verdeck eines der zweistöckigen Pariser Pferdeomnibusse aus den neunziger Jahren befinden. Die genauere symbolische Bedeutung dieser "Reisenden auf dem Verdeck" ist vom Dichter im Kapitel XXXVII des dritten Teils in einem unvergeßlichen Bild dargestellt und zugleich erläutert worden. Die Menschen auf dem Verdeck, auf der Impériale, haben infolge dieser räumlichen Anordnung ein besonderes Blickfeld: sie bemerken manche Partien der Wirklichkeit besonders genau, andere überhaupt nicht. Aber nicht bloß eine klangliche Verbindung stellt sich für Aragon dar zwischen den Reisenden der Impériale und den Reisenden des Imperialismus. Gemeint sind überall die bürgerlichen Menschen im Zeitalter des Imperialismus. Und wenn der Beginn unseres Romans rückwärtsschauend das Bürgertum von 1889 in Beziehung setzt zu den Revolutionären von 1789, so bedeutet er gleichzeitig (in der gesellschaftlichen Gesamtentwicklung) den Beginn des imperialistischen Zeitalters in Frankreich und überhaupt in der kapitalistischen Wirklichkeit. Was aus dem französischen Bürgertum im Laufe eines Jahrhunderts wurde, danach fragt das eine Grundmotiv des ungewöhnlichen Romans. Welchen Reiseweg dieses Bürgertum aber in der imperialistischen Periode einschlägt das bildet die notwendige Ergänzung. Dieser Zusammenhang allerdings läßt sich in der deutschen Übersetzung des Romantitels nicht genau wiedergeben: der Begriff der "Impériale" ist uns nicht so vertraut wie dem französischen Leser. Durch unseren Titel Die Reisenden der Oberklasse sollte wenigstens in schwachen Umrissen die Doppelbedeutung angedeutet werden: die gesellschaftliche Sonderstellung dieser Reisenden gegenüber dem sonstigen Reisepublikum wie auch die Stellung dieser besonderen Reisenden als Angehörige der oberen, der herrschenden Gesellschaftsschicht.
Auch hier gelingt es dem französischen Originaltitel, viel tiefere Zusammenhönge anzudeuten, als es die Suggestionskraft unserer deutschen Benennung vermöchte. Die Reisenden auf der "Impériale" reisen durch das Zeitalter des Imperialismus, und zwar reisen sie als bürgerliche Menschen, als Menschen der Oberklasse durch den Imperialismus. Der Imperialismus aber ist, wenn wir mit Aragon hier Lenins berühmte Analyse zugrunde legen, nicht bloß das "höchste Stadium des Kapitalismus"; er ist vor allem das Stadium des verfaulenden und des parasitären Kapitalismus.
[...]
Die Gestalten des Romans sind Angehörige der Oberklasse, der bürgerlichen Oberschicht in der Epoche des Imperialismus. Aber sie selbst sind nicht eigentlich Imperialisten. [...]
Diese Menschen der Oberschicht, die uns im Roman in zahlreichen Abwandlungen begegnen, sind nicht die eigentlichen Herrscher, die großen Ausbeuter. Aber sie profitieren von der Ausbeutung: als Erben, als ausgehaltene Verwandte, als Darlehensempfänger, als Leute, die ihre gesellschaftlichen Beziehungen spielen lassen, um angenehme Posten zu erlangen, wo man einen sicheren Verdienst hat, ohne eigentlich arbeiten und etwas leisten zu müssen. Darauf kommt es ihnen vor allem an, und Pierre Mercadier spricht es wenigstens folgerichtig aus für die vielen, die ihm gleichen [...]. [...]
Sie sehen die Zusammenhänge der Wirklichkeit nicht und wollen sie auch nicht sehen. Auf wessen Kosten sie leben, wer leiden und hungern muß, damit es ihnen gut geht, das ist ihnen nicht einmal eine Frage oder Betrachtung wert. Das gehört in die "Politik", und man ist "unpolitisch" in den Kreisen der Reisenden auf dem Verdeck. Auch hier ist Pierre Mercadier folgerichtiger Verkünder einer Weltanschauung, die er mit seinesgleichen teilt und für sich konsequent zur Anwendung bringt. [...]
[...] Sie halten sich für "Individualisten", diese Reisenden der Oberklasse, diese Reisenden der imperialistischen Epoche. Sie nehmen sich als freie Persönlichkeiten, als Individuen, die bloß auf sich selbst gestellt sein wollen und keine Rücksicht auf den Mitmenschen zu nehmen bereits sind. Aber ihre "Freiheit" ist nichts anderes als geldliche Unabhängigkeit; fällt die weg,so sieht es jämmrlich genug aus mit der Freiheit und angeblichen Individualität. [...]
Scheinbar unpolitisches Dahinleben, Kult einer durch Geld gesicherten Individualität: zu ihnen gesellt sich als drittes parasitäres Element das Spiel! [...]
Dieses zentrale Thema des Buches [= Parasitismus], das weitgehend identisch ist mit der gesellschaftlichen Gesamtanalyse der bürgerlichen Oberschicht im Zeitalter des Imperialismus, wird im Rahmen einer Familiengeschichte abgehandelt.
[...] Es ist erschütternd zu sehen, wie das gesellschaftliche Milieu und das Fehlen echter Produktivität auch einen an sich wertvollen und anständigen Menschen wie Pascal Mercadier immer haltloser, hilfloser, verantwortungsloser werden läßt. [...]
W. Ht. (1980)
[...] Roger GARAUDY hat mit Recht darauf aufmerksam gemacht, daß Les voyageurs de l'Impériale die Phase von Aragons Meisterschaft in der Romankomposition einleiten. [...]
[...]
Der Roman ist reich an Episoden und Nebengestalten, die freilich nicht immer gleich glücklich mit der Haupthandlung verbunden sind. Besonders in diesen oft nur gewaltsam zum Hauptgeschehen hingeordneten Details ist erkennbar, daß nicht die Schule BALZACS Aragons "Gesellschaftsromane" bestimmt, sondern die Kolportagemanier Eugène SUES freilich ästhetisch außerordentlich verfeinert und mit einer Nuancierung im Psychologischen, die dem Autor von Les mystères de Paris fremd ist. Schilderungen wie die der Proletarierfamilie Méré im dritten Teil könnten, entsprechend modernisiert, ohne weiteres einem Sue-Roman entstammen. Auch das unorganisch Aufgesetzte der politisch-sozialen Doktrin etwa in dem Bericht über Eugène Mérés Weg zur Gewerkschaft - ist nicht anders als bei Sue.
Es gibt dennoch gute Gründe, Les voyageurs de l'Impériale als einen der bedeutendsten Romane nicht nur Aragons, sondern seiner Entstehungsepoche überhaupt anzusehen, wenn man sich darüber klar ist, daß auch mit diesem Werk das, was sich Aragon mit seinem Zyklus zum Ziel gesetzt hat, nicht erreicht wird. Der Roman bringt nämlich nicht "die große Balzac'sche Synthese einer durch die Herrschaft des Geldes geformten Psychologie und Moral" (R. Garaudy), er hat keineswegs "eine neue Etappe des Kapitals" (des unproduktiven Rentenkapitals) zum Gegenstand, ja er führt überhaupt niht einen über seinen individuellen Typus hinaus gültigen Vertreter der modernen Gesellschaft der "wirklichen Welt", nach der Formel Aragons vor, sondern erzählt die Geschichte eines gesellschaftlichen Monstrums. [...] Mercadier ist als eine von ihrer gesellschaftlichen Position losgelöste Individualität ein Monstrum; und wenn er und sein Autor immer wieder auf die Bedeutung des Geldes in seinem Leben zurückkommen, so bestimmt dieses jedoch nur jeweils die Modalitäten seiner Ungeheuerlichkeit, bewirkt sie aber nicht.
[...] Gerade in Hinsicht auf seinen katastrophengeschwängerten Charakter stellt sich der Roman neben andere des gleichen Zeitraums wie Rêveuse bourgeoisie, 1937 [...], von Pierre DRIEU LA ROCHELLE, Les Célibataires, 1934 [...], von Henry de MONTHERLANT; auch Monsieur Ouine [...] von Georges BERNANOS, in den gleichen Jahren geschrieben, aber erst später veröffentlicht, wäre heranzuziehen. Ihnen allen ist gemeinsam, daß sie den Untergang, den Zerfall episch besingen, und dies in einer so vollendeten Weise, daß man diese Romane jeweils zu den besten ihrer Autoren überhaupt rechnen muß. Auch sind diese jeweils einer politischen oder allgemein geistigen "Aktion" verschworen, sei es als dezidierter Kommunist (Aragon), als Faschist (Drieu la Rochelle), elitärer Aristokrat (Montherlant) oder radikaler Christ (Bernanos). Die Tatsache, daß ihne gerade das "Lied vom Untergang" unter allen ihren sonstigen Werken am zwingendsten gelingt, verdient in diesem Zusammenhang eine besondere Beachtung.





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Letzte Änderung Dernière mise à jour: 25.02.98

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