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Meinungen und Urteile über En français dans le texte

Opinions et jugements sur En français dans le texte


J. B. (1944)
Serre-file de l'école surréaliste, le printemps 40 a vu son repentir. Le peigne ébréché de ses vers libres a fait place à la plus savante des métriques régulières. Mais de même que l'ardeur du pénitent à s'acheminer vers son salut est souvent fonction et fleuraison de ses dévergondages de la veille, ainsi Aragon nous est-il revenu enrichi de ses expériences passées. Nous avions déjà vu le caméléon Cocteau rejeter l'intellectualisme de certaine littérature, [...] à son tour Aragon renie ses péchés de jeunesse [...].
Dix années d'efforts pour reculer les limites de la conscience, de prospections et de sondages dans le domaine des opacités, des eaux troubles et du sommeil, de jongleries - aussi - éperdues et loufoques, ont abouti à la poésie la plus simple qui soit, celle du sentiment. [...] Pour nous compte [...] le chapeau-bas devant une poésie de la sincérité de laquelle nous ne saurions nous préoccuper, vu qu'elle ne sonne pas faux.
En français dans le texte, si nous n'avons pas ressenti à sa lecture le choc qui nous atteignit en plein, comme le volant la poitrine du chauffeur accidenté, quand nous découvrîmes le Crève-Coeur, n'en est pas moins pour nous le plus précieux des livres d'heures [...].
Cette mélancolie nous enchante, un brin gavroche et familière, qui dit le grand "descort" du poète exilé. Mais voilà que tout à coup, Aragon fait sauter la coupe et paraît tricher au jeu. L'esprit critique, un temps ensorcelé par la complainte, s'achoppe bientôt à quelque extravagance prosodique, fronce le sourcil devant telle rime qui lui paraît saugrenue, se remémore les excentricités de Guillaume Kostrowitzky, et s'inquiète du genre escamoteur et de l'allure délibérée que prend tout soudain Aragon.
C'est que, si nous imaginons volontiers l'Aragon paysan de la capitale flânant sur les quais de la Seine,
L'aorte du Pont Neuf frémit comme un orchestre
Où j'entends préluder le vin de mes vingt ans

ou, mains aux poches, faisant le pied de grue sur
... la chaussée d'Antin
Ses trottoirs de Parme au pied des putains

se laissant gagner par le spleen du noctambule surpris par l'aube,
Tous les petits matins ont une même toux

aimant Paris comme une maîtresse et s'y absorbant comme Baudelaire dans la géante de ses imaginations, - puis s'évadant vers la campagne et ses guinguettes,
Un dimanche à bécane ivre de grenadine
Les fleurs d'acacia les boîtes de sardines
Le long de la promenade du Bord de l'Eau

- nous apercevons bientôt, qui double le flâneur sentimental, l'aristocrate des lettres, le prestigieux prestidigitateur aux mains longues et habiles, qui, manchettes relevées, élabore de subtiles recettes touchant la bienfacture des vers, après quelques tours de passe-passe épingle à la rime la plus hardie des trouvailles, invente la rime enjambement et perfectionne la rime intérieure, jongle avec un vocabulaire chatoyant, cadeau du surréaliste au poète patriote [...].
Mais tous ces artifices, qui tendent à rendre un rien de souplesse au vieil alexandrin perclus, se fondent par la vertu d'une grâce admirable et se résorbent au contact du souffle brûlant qui anime la poésie d'Aragon. Poésie où persistent deux dominantes, dont nous gardons dans l'oreille les deux bémols incessamment retrouvés: le souvenir des amis morts en mai dans la débâcle de la France, et la nostalgie de Paris qui pénètre l'exil du poète:
Arrachez-moi le coeur vous y verrez Paris

Poésie enfin qui n'est tout entière qu'une longue et capiteuse symphonie sur le thème très simple d'
Une chanson vulgaire et douce où la voix baisse
Comme un amour d'un soir doutant du lendemain
Une chanson qui prend les femmes par la main
Une chanson qu'on dit sous le métro Barbès
Et qui change à l'Étoile et descend à Jasmin




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03.06.1999

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