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Philippe Soupault sur Aragon

(Début des années 1980))

[...]
C'est avec Louis Aragon que je me sentais le plus d'affinités. Il avait choisi, comme moi, l'indépendance, le mouvement et une certaine distance. J'ignorais alors qu'il tomberait plus tard dans le piège d'une nouvelle servitude.
J'avais retrouvé Louis (qui n'avait pas encore renié son prénom) après sa démobilisation. Louis était déconcertant. Aimable, parfois trop aimable. Cherchant tantôt à plaire, tantôt à déplaire. D'une insolence incomparable. Le plus impertinent de tous mes amis, plus insolent même que Tristan Tzara. Ce qui n'est pas peu écrire.
Il avait publié, avec un grand succès, des textes. Il aurait pu, s'il l'avait voulu, être accueilli et édité avec enthousiasme par les revues et les éditeurs. Mais il semblait ne pas s'en soucier, ni s'en étonner. Pourtant, il vivait difficilement, très difficilement. Il habitait encore à Neuilly chez sa mère, et il ne parlait jamais de son entourage ni de sa famille. Il fallait deviner qu'il était très dépourvu car, à cette période, il ne se vantait pas de ses difficultés. [...]
C'est aussi à cette période que Louis nous fit connaître un de ses meilleurs et nombreux amis, Pierre Drieu La Rochelle. Nous le jugions un peu "dandy britannique" mais sympathique, malgré sa prudence et sa crainte (en 1923) de se compromettre. Il était ébloui par la désinvolture et l'insolence de Louis, et ce dernier était fasciné par l'élégance et le comportement froid de Drieu, on pourrait écrire son cynisme, voire sa mufflerie quand il parlait des femmes qu'il courtisait. Cette amitié entre Drieu et Louis Aragon nous paraissait étrange car ces deux hommes étaient tellement différents! Drieu plus silencieux que nature, aussi avare de ses gestes que de ses sourires. Aragon étourdissant, infatigable "parleur", détecteur de l'insolite à tous les coins de rue. Il faisait toujours de grands gestes et ne pouvait s'empêcher de se regarder dans toutes les glaces et tous les miroirs. Et Drieu ricanait, mais ne riait ni ne souriait de cette singulière et irrésistible habitude de Louis.
J'étais toujours surpris par les comportements de Louis. Je le connaissais moins bien que son plus cher ami de cette période, André Breton, mais quand nous parlions de lui, André et moi, nous étions d'accord pour reconnaître que Louis était "étincelant". [...]
J'étais, comme tous nos amis, séduit par son enthousiasme et sa verve, sauf quand il nous parlait de ses aventures féminines. Il en devenait ennuyeux. Il nous racontait ses "exploits" et ses entretiens [...]. [...] Louis plaisait aux femmes.
En vérité, l'amour et ses conséquences jouaient un grand rôle dans notre vie. [...] nous étions très discrets en ce qui concernait nos expériences amoureuses. Sauf, bien entendu, Louis, qui nous tenait régulièrement au courant de ses amours. [...]




Philippe Soupault (début des années 1980), pp. 53-61





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