LOUIS ARAGON ONLINE

Was ist neu in dieser Ausgabe? - Quoi de neuf dans cette édition?| Das Werk - L'oeuvre| Schallplatten und CDs - Disques et disques compacts| Biographie| Äußerungen Aragons - Dits d'Aragon| Bibliographie| Neuere Publikationen - Publications récentes| Informations| Maison Elsa Triolet - Aragon| Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet| Forum| Des critiques sur Aragon| Fragen und Antworten - Questions et réponses| Der Autor dieser Site - L'auteur de ce site |

Jean Ristat sur Aragon

(2003)


"Je veux réhabiliter Aragon"

[...] Après 1970, Aragon n'était ni débile, ni gâteux, il lui restait douze ans à vivre, qu'il a vécus dans une liberté qui scandalise, et en déployant une activité créatrice importante.


[...] Il m'a séduit tout de suite par sa grande élégance, son respect, son attention aux autres. Il n'y avait chez lui nulle condescendance. Il aimait vraiment ls textes [de Ristat]. [...]

[...] Mais Aragon était un homme extraordinaire, éblouisant, drôle, vif, beau, cabot, tandis qu'Elsa était déjà marquée par la vieillesse et la maladie.

[...] Petit à petit, une affection filiale nous a liés. Elsa m'appelait «mon complice». J'avais d'elle, comme beaucoup de gens, une image de femme autoritaire, cassante. Mis il faut dire qu'il n'était pas facile de vivre avec Aragon!

[Question de Jean-Claude Perrier: Votre opinion sur Elsa Triolet a-t-elle évolué au cours de ces années d'amitié?]

Tout à fait. Il faut réhabiliter Elsa! C'est assez extraordinaire, cette haine qui entoure leur couple. Les gens ne peuvent pas supporter qu'il y ait une femme auprès d'Aragon. Rien de semblable avec le couple Sartre-Beauvoir. Je peux affirmer qu'Elsa savait tout de Louis, et notamment qu'elle connaissait ses amitiés avec des jeunes gens, qu'il a eues tout au long de leur vie commune. Contrairement à l'opinion toujours colportée, Aragon n'a absolument pas «libéré» son homosexualité seulement après la mort d'Elsa.

[Question de Jean-Claude Perrier: Que s'est-il passé après la mort d'Elsa?]

Nos rapports ont encore évolué, mêlant l'amour filial et l'amour tout court. [...] Avec Louis, nos rapports étaient complexes, difficiles, mais on a vécu comme ça. Il était amoureux e moi, qui en aimait un autre. Il était naturellement jaloux. Cet amour impossible l'a sans aucun doute fait beaucoup souffrir... Il y a eu de la cruauté de part et d'autre. Mais je n'ai jamais été l'amant d'Aragon! Théâtre/Roman, quIl a publié en 1974, c'est notre histoire, bien sûr transcendée par la littérature. À partir de 1979, je suis devenu le fils, l'ordonnateur des plaisirs, le fondé de pouvoir d'Aragon. C'st moi qui, désormais, m'occupais de tous les aspects matériels de sa vie, ainsi que de la gestion de son oeuvre, et de celle d'Elsa Triolet.

[...]

[1979] C'est le moment de l'effondrement d'Aragon. [...] il est victime d'hallucinations, de délire paranoïaque. Il sombre même dans le coma. Il s'en remettra, et, jusqu'en 1982, érira encore un peu, se mettra à dessiner.

[Question de Jean-Claude Perrier: De quoi vivait Aragon?]

De ses droits d'auteur. [...] Ses principales sources de revenus provenaient de la Sacem, pour ses poèmes mis en musique par de très nombreux chanteurs; des ventes de son OEuvre poétique complet en quinze volumes [...]; et d'une mensualité de son éditeur, Gallimard [...]. Ses livres se vendaient, Aragon vivait de sa plume. Mais il n'avait pas de fortune, ni, contrairement à des écrivains comme Breton, Éluard ou Tzara, de collection de tableaux. Aragon ne pouvait thésauriser, ni capitaliser, il n'était pas intéressé, l'argent lui filait entre les doigts. Toute sa vie, il a vendu ses manuscrits, ou ses livres, pour se faire de l'argent.

[À propos des problèmes de Ristat avec l'appartement parisien et la maison d'Aragon dans les Yvelines:]

Oh oui! Er je ne suis pas sûr que la droite n'aurait pas réglé tous ces problèmes avec plus de sens national... [...]

[...] en 1972, il y a eu un moment très grave, avec la suppression des Lettres françaises. Certes, le journal coûtait cher au Parti, mais il en avait, à l'époque, les moyens. Mais il est évident que cette décision fut politique et non financière. Georges Marchais jugeait Aragon politiquement incontrôlable. Dans son dernier éditorial, Aragon écrivit : «J'ai gâché ma vie.» La suppression du journal d'Aragon était une étape d'une dérive ouvriériste amorcée par le PCF, contre les intellectuels dont il s'est peu à peu coupé, ce qui explique entre autres son état actuel, vidé de sa substance.

[...]

[...] Aragon. Lui, il était la poésie en acte.

(Propos recueillis par Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo, no 500, 7 février 2003, p. 88-90)

Zurück zur Liste der Kritiker - Retour à la liste des critiques
Zurück zur Louis Aragon Homepage - Retour à la page d'accueil




Copyright © 1997-2003 Wolfgang Babilas
09.04.2003